On a eu presque tout faux de prendre Amar Saâdani pour une sorte d'hurluberlu, lorsque, quelques semaines après son arrivée à la tête du FLN, il faisait des annonces tonitruantes sur la tambouille interne du sérail. Et pour cause, une bonne partie des changements opérés par le Président, notamment par rapport au DRS, à la révision de la Constitution, il les a annoncés en primeur. Force est d'admettre que l'homme, loin d'être ce fou du roi décrit avec force épithètes ironiques, est dans le secret des dieux. Quand il parle, c'est Saïd Bouteflika qui dit. En réunissant mardi les membres du groupe parlementaire du FLN, Saâdani a de nouveau "bombardé", droit dans ses bottes ; il a déclaré que le président Bouteflika va encore opérer des changements qui toucheront les plus hautes sphères de l'Etat. Qu'il se délestera d'une partie de ses prérogatives en faveur de son Premier ministre. Que l'opposition dans le Parlement verra son rôle plus accru. Que la porte du dialogue, dans le cadre de la révision constitutionnelle, reste ouverte à l'opposition et à la société civile. Et que, enfin, cette révision se fera uniquement par voie parlementaire. Questions : est-ce que ces déclarations de Saâdani ne sont pas, de la part de ceux qui ont actuellement la décision politique, une façon de montrer patte blanche à l'égard de l'opposition qui ne veut pas entendre parler de la révision constitutionnelle, considérant qu'elle n'est pas la priorité par rapport à l'enjeu de la transition ? La porte ouverte au dialogue signifie-t-elle que le Président est prêt à jeter à la poubelle la copie d'Ouyahia et organiser un autre round de consultations pilotées par une autre personnalité plus consensuelle que l'ex-chef de gouvernement qui n'arrive décidément pas à se débarrasser de sa suffisance ? À supposer que c'est là le projet du président Bouteflika d'aller vers des consultations plus larges et plus consensuelles, vu la conjoncture et les perspectives, une autre question se pose par rapport à la dernière sortie de Saâdani : comment faire l'économie d'un référendum sur la révision constitutionnelle si celle-ci venait à porter sur les grands équilibres des pouvoirs. Sur ce plan, la Constitution actuelle est claire. À moins qu'il faille distinguer dans le propos du chef du FLN, conforté dans son autorité de secrétaire général, entre le bon grain et l'ivraie. Nom Adresse email