"L'Ecosse devrait-elle être un pays indépendant ?" C'est la question à laquelle doivent répondre les Ecossais aujourd'hui. Lors de ce référendum, le troisième du genre depuis 1979, l'Ecosse décidera si elle quitte ou non le Royaume-Uni après plus de 300 ans d'union. Le résultat s'annonce serré, très serré. Les sondages, après l'envolée du "oui" la semaine dernière, prévoyaient à quarante-huit heures du référendum le maintien de la province dans l'Union Jack. D'une courte tête, mais au grand soulagement à Londres dont l'establishment s'est démené comme jamais pour barrer la route aux indépendantistes, n'hésitant pas à égrener les mauvaises surprises en cas de rupture. D'autre part, le référendum est suivi avec attention par la Catalogne (Espagne), les Basques et les Corses en France, le Québec au Canada, qui développent également des argumentaires indépendantistes. Le Premier ministre écossais depuis 2007 et chef du SNP (Parti national écossais) pense que l'écosse va couper le cordon ombilical et que son pays a tout à gagner à se séparer du Royaume-Uni. Il milite pour cette cause depuis des décennies. Sous sa gouvernance, le mouvement indépendantiste s'est considérablement renforcé, passant d'idéal romantique à réalité concrète. Selon plusieurs analystes, que le oui ou le non l'emporte, Alex Salmond a déjà gagné son pari, puisqu'il a mis Londres au pied du mur et forcé le Premier ministre, David Cameron, à transférer des pouvoirs accrus à l'Ecosse. Son rival, Alistair Darling, chef du camp du non, a fédéré le courant "mieux ensemble" (au sein de la Grande-Bretagne) qui réunit les travaillistes, les conservateurs, les libéraux démocrates écossais et des industriels, des affairistes, et une partie de la jet-set et du showbiz. Alistair Darling a clôt sa campagne du non par cet avertissement : "Si nous votons pour quitter le Royaume-Uni jeudi, ce sera un point de non-retour. Ce n'est pas comme une élection où vous pouvez changer d'avis si ça ne fonctionne pas." Il a reçu le soutien du Premier ministre britannique, qui a misé gros dans cette élection. Si le oui l'emporte, David Cameron risque d'en payer le prix, comme les travaillistes dont les sièges à Londres sont gonflés par leurs adhérents écossais. "Si le Royaume-Uni éclate, il éclate pour toujours. Le choix qui vous est offert est donc clair : un saut dans l'inconnu avec le oui, ou un avenir meilleur pour l'Ecosse avec le non", a averti David Cameron, la veille du référendum. Dernier coup de grâce de sa campagne, la menace d'exclure l'Ecosse de l'union monétaire avec le reste du Royaume-Uni. L'Angleterre, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord s'opposeront à ce que la nouvelle Ecosse conserve l'usage de la livre sterling. Une exclusion qui a pesé dans la remontée du non. Les écossais ont pris conscience de l'impact qu'aurait l'indépendance sur leur économie, la solution de remplacement comme l'intégration de la zone euro ou la création d'une nouvelle devise étant plus coûteuses et plus risquées. Malgré son impopularité à Edimbourg, où les conservateurs ne détiennent qu'un siège, David Cameron s'est rendu en Ecosse à plusieurs reprises pour tenter de convaincre les indécis, qui sont ceux qui feront peser la balance dans un sens ou dans l'autre, multipliant des déclarations alarmistes sur les conséquences économiques d'un vote en faveur de l'indépendance, notamment sur les retraites et sur la monnaie. Dans ce climat d'incertitude et de chantage, les derniers sondages se sont retournés pour donner 52% des votants pour l'accord qui lie l'Ecosse à l'Angleterre depuis 307 ans, contre 43% de personnes favorables à l'indépendance. Nom Adresse email