"Il n'y a pas de piste privilégiée", a indiqué un responsable du BEA, ajoutant que "l'enregistreur des conversations dans le cockpit ne fonctionnait pas normalement" et que "cela ne permettait pas de comprendre les messages échangés au sein de l'équipage". Près de deux mois après le crash du vol AH 5017 au nord du Mali, le premier rapport d'étape de l'enquête a été présenté, hier, à Bamako, par des responsables français au Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA). Selon ce premier rapport, "aucune piste n'est privilégiée". Pour précision, le rapport d'étape a été établi sur la base des premiers éléments rassemblés au cours de l'enquête, sans analyse, afin d'expliquer les raisons du crash. "Pour l'instant, il n'y a pas de piste privilégiée", a indiqué Bernard Boudaille, un responsable du BEA, ajoutant que "rien ne peut confirmer ou infirmer la piste terroriste dans les éléments recueillis par les enquêteurs jusqu'à présent". "L'enregistreur des conversations dans le cockpit (CVR) ne fonctionnait pas normalement", a encore souligné le responsable au sein du BEA. "Cela ne permet pas, a-t-il indiqué, de comprendre les messages échangés au sein de l'équipage". Evoquant l'enregistreur des données de vol, M. Boudaille a expliqué qu'il montre que l'appareil a fait "une chute brutale", survenue après "un ralentissement de ses moteurs" à son altitude de croisière. Il a expliqué aussi que les systèmes de pilotage automatique de l'appareil "avaient été déconnectés sans qu'il soit possible de dire si cette déconnexion a résulté d'un automatisme de l'avion ou d'une manœuvre volontaire ou involontaire de l'équipage". À propos de l'accusation portée à l'encontre de l'équipage de l'avion quant à sa méconnaissance de l'espace aérien africain et sa probable maigre expérience de pilotage, l'expert français a expliqué que l'équipage "n'était pas fatigué" et qu'"il avait une expérience africaine". Pour M. Mohamed-Radouane Benzerroug, pilote professionnel, expert judiciaire auprès des tribunaux et enquêteur accidents/incidents aériens, le rapport présenté à Bamako par le BEA, en intégrant la piste terroriste, "est destiné à ne pas effrayer l'opinion publique et laisse toutes les pistes ouvertes compte tenu de la désintégration totale de l'appareil qui a choqué plus d'un". Il a expliqué que concernant le crash, "les données extraites de l'enregistreur des paramètres de vol (FDR) ont indiqué que l'avion n'avait pas rencontré de sérieux problèmes météorologiques ni de turbulences importantes (trous noirs)". Plus explicite, il a souligné que le point important, "c'est le fait que l'avion a eu des fluctuations des paramètres moteur jusqu'à l'apparition des variations importantes du moteur". "C'est dès lors, a-t-il enchaîné, que l'avion a commencé à descendre. Le moteur est passé au régime ralenti, ce qui veut dire presque à l'arrêt, sans poussée." "Dans ce cas de figure, explique encore M. Benzerroug, tous les automatismes se sont déconnectés, laissant au pilote la liberté de commander son appareil." "Et malheureusement, a-t-il poursuivi, l'avion est parti dans une descente infernale jusqu'à atteindre une vitesse de piqué de 700 km/h." À propos de ce rapport, M. Benzerroug explique que "c'est un rapport d'étape", qui "détaille, au fait, le rapport préliminaire". Il a expliqué que les conclusions seront contenues dans le rapport final. Interrogé si le BEA peut émettre des accusations ou des hypothèses, le pilote a indiqué qu'on ne pouvait pas émettre d'accusations contre quiconque ni des hypothèses hâtives. "Les données techniques ne trichent pas. On peut juste supposer par la lecture de ce rapport d'étape et les données graphiques reconstituées, qu'il y avait un problème de moteur", a-t-il expliqué, précisant que "même à la remise du rapport final, le BEA n'émettra que des avis et des recommandations. Sa mission ne se limite qu'à cela". "C'est au judiciaire de dire s'il y avait faute et responsabilité directe ou indirecte", a fait savoir M. Benzerroug. Pour rappel, le crash de l'avion affrété par Air Algérie et qui devait relier Ouagadougou à Alger, a fait 118 morts. L'appareil, un McDonnell Douglas MD-83, s'est écrasé dans le nord du Mali environ 32 minutes après son décollage. Le Bureau d'enquêtes et d'analyses français (BEA) avait été chargé le 7 août, par les autorités maliennes, de mener l'enquête technique. Dans un rapport, le BEA avait indiqué que "l'avion avait été pulvérisé à son impact au sol après avoir perdu de la vitesse et viré à gauche pour une raison indéterminée alors qu'il traversait une zone orageuse". Le BEA mène une enquête technique sur les crashs d'avions dans le but d'améliorer la sécurité aérienne. Nom Adresse email