Parmi la vingtaine de pays membres de la coalition internationale contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie, identifiés le 15 septembre à Paris lors de Conférence internationale sur l'Irak, sa composante arabe est restée dans l'expectative. Pour le moment, Washington et Paris procèdent à des frappes aériennes, en appui à des contre-offensives engagées sur le terrain par l'armée irakienne, les milices chiites et les peshmergas kurdes. Mais ni Riyad, ni Doha, ni Le Caire, ni Amman, pour ne citer que les capitales arabes plus significatives dans la coalition internationale contre le terrorisme, dans la version Barack Obama de la stratégie de W. George Bush en 2003, son prédécesseur qui a plutôt fait monter la pâte djihadiste, ne se sont hasardés à confirmer publiquement à leurs opinions une participation militaire directe. Malgré l'acquiescement de la Ligue arabe présente à la revue des forces de la coalition par le président français François Hollande depuis son palais de l'Elysée, d'où il annonçait l'entrée dans la nouvelle guerre en Irak de ses Rafale stationnés dans la base de la Défense française dans les émirats arabes unis. Une guerre dirigée par le général américain à la retraite John Allen, ancien commandant des forces américaines en Afghanistan et homme clé de la guerre contre Al-Qaïda dans l'Ouest irakien entre 2006 et 2008. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, n'a toujours pas rendu publics les contours de la participation de Amman, de Riyad, du Caire et d'Ankara, dont il s'était assuré personnellement au cours d'une tournée diplomatique la semaine du 8 septembre. Pour les autres capitales du Golfe arabe, Obama avait dépêché son ministre de la Guerre et le boss du Pentagone. Certainement pour préciser la nature de leur contribution. Donc jusque-là, c'est encore le flou quant à la participation arabe, probablement à l'aune des intérêts assez contradictoires de chacun de ses membres. Ce silence dans les capitales arabes concernées et dans celles du commanditaire de la coalition et de ses principaux alliés, la France, la Grande-Bretagne, le Canada et l'Australie, pour de nombreux spécialistes, n'est pas lié au seul souci des dirigeants arabes de ne pas susciter de colère chez eux en manifestant trop de proximité avec les Occidentaux dans une nouvelle guerre en Irak. Ces régimes du Golfe et du Moyen-Orient ne sont pas eux-mêmes sur la même longueur d'ondes pour déclarer la guerre idéologique à l'islamisme-djihadiste, ni sur la question des destinataires des armes pour la rébellion syrienne. Autre contradiction : le volet syrien de la lutte contre l'Etat islamique, qui reste une inconnue. L'Arabie Saoudite s'est engagée à équiper et à former sur son territoire des rebelles syriens anticalifat, sans plus. Et les Etats-Unis comptent sur l'Egypte pour mobiliser l'opinion publique arabe sunnite à travers son université d'Al-Azhar, à voir si ses cheikhs vont le faire. La Jordanie a promis de continuer à collaborer dans le domaine du renseignement et de la formation des rebelles syriens. En outre, la Turquie, Etat membre de l'Otan, n'a pas signé à Djeddah le communiqué de dix pays arabes et des Etats-Unis s'engageant à combattre ensemble l'Etat islamique. Erdogan devenu président de la Turquie, un islamiste proche des Frères musulmans, a refusé de mettre sa base aérienne d'Incirlik, proche de la Syrie, à la disposition des Américains pour des missions de combat. Et John Kerry n'a pas réussi à persuader Ankara de contrôler plus étroitement le flux des combattants étrangers rejoignant la Syrie et l'Irak à travers ses frontières, ni la contrebande de pétrole vendu sur le marché noir turc par l'Etat islamique. Nom Adresse email