Après avoir copieusement accusé Israël de génocide, le président de l'Autorité palestinienne a réclamé la fin de l'occupation israélienne devant l'ONU. Son long discours a été chaleureusement applaudi. Un plaidoyer pour la paix sur fond de critiques acerbes contre l'occupation israélienne, les jeux de son Premier ministre Benyamin Netanyahu, un notoire de l'extrême droite notoire et arrogant, et, en filigrane, la duplicité des Etats-Unis, lesquels, de tout temps, appliquent sur la question la politique des deux poids, deux mesures. Y compris sous Barack Obama, lequel, à la moitié de son premier mandat succomba aux lobbies juifs de son pays, tournant le dos à ses promesses de forcer Israël à se plier au droit international, après avoir admis que les problématiques du monde musulman étaient justement exacerbées par les impunités dont a bénéficié ce pays. Le président de l'Autorité palestinienne a remis de l'ordre dans l'euphorie de la coalition internationale contre Daech au Moyen-Orient en rappelant quelques évidences historiques tues par Washington et la quarantaine de pays qui ont pris le train de la quatrième guerre contre l'Irak. La situation de la Palestine, et le nouveau conflit qui a ensanglanté Gaza cet été, expliquent la montée de l'extrémisme, a dit, en substance, Mahmoud Abbas, vendredi à la tribune des Nations unies. Il a fait un parallèle entre la quatrième guerre américaine en Irak et la troisième invasion en cinq années par l'Etat occupant et raciste d'Israël contre l'enclave de Gaza : même timing pour de mêmes vieilles questions de souveraineté et de droit à un Etat viable pour les Palestiniens. Le leader du Fatah historique a réclamé la fin de l'occupation israélienne et l'indépendance de l'Etat de Palestine, soulignant aux yeux de ses auditeurs, aussi nombreux que pour le discours de Barack Obama, que la différence aujourd'hui, est que l'ampleur des crimes génocidaires israéliens sont plus grands, que la liste des martyrs, en particulier les enfants, plus longue, qu'environ un demi-million de Gazaouis ont été déplacées, et que le nombre de maisons, écoles, hôpitaux, bâtiments publics ou résidentiels, mosquées, usines et même cimetières détruits est sans précédent. Et la phrase qui a fait mal outre Atlantique : "La non-reconnaissance des crimes d'Israël par les USA crée l'extrémisme." Dans une critique voilée à la position américaine, Mahmoud Abbas a jugé inconcevable que certains soient incapables de caractériser cette situation en des termes réels et qu'il leur suffise de déclarer leur soutien au droit d'Israël à se défendre, sans égard pour le sort des milliers de victimes palestiniennes. Dans ces conditions, personne ne peut se demander pourquoi l'extrémisme est en hausse et pourquoi la culture de la paix est en perte de vitesse, a-t-il souligné en direction de Barack Obama particulièrement, lui rappelant, en prévision de la reprise des négociations palestino-israéliennes convoquées par le président étasunien en octobre, qu'au jour d'aujourd'hui, Israël n'est pas crédible dans les négociations de paix. Très applaudi, le président de l'Autorité palestinienne a répété sa volonté de négocier un accord de paix avec Israël, mais jugé que les négociations n'étaient "ni crédibles ni sérieuses si leur résultat est prédéterminé par les activités de colonisation". Cité par le Jérusalem Post, le ministre israélien des AE, Avigdor Lieberman, dont le rêve est de vider son pays d'adoption de ses Arabes, même les territoires occupés, a jugé que Mahmoud Abbas ne veut pas, et ne peut pas, être partenaire d'un accord diplomatique. Normal de la part d'Israël qui répète cette vieille chanson au point qu'elle n'est plus écoutée par les opinions occidentales lassées par les chantages de Tel Aviv au nom de la Shoah. En revanche, les USA se sentent offensés par les vérités de Mahmoud Abbas. Il y avait dans le discours du président Abbas aujourd'hui des descriptions offensantes qui sont profondément décevantes et que nous rejetons, s'est emportée la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, dénonçant des "déclarations provocatrices" de la part du dirigeant palestinien. Selon elle, ce sont des déclarations contre-productives qui sapent les efforts destinés à créer un climat positif et à rétablir la confiance entre les parties ! Pour autant, a-t-elle, souligné, la diplomatie américaine n'a pas abandonné l'espoir de relancer à l'avenir le processus de dialogue direct entre Israël et les Palestiniens. Le dernier cycle de neuf mois, sous les auspices du secrétaire d'Etat John Kerry, a capoté fin avril. Celui-ci envisage de remettre la table ce mois d'octobre, dans la foulée des bombardements contre Daesh en Irak et en Syrie.