L'opération d'envergure, lancée par l'ANP depuis l'enlèvement et l'assassinat de Hervé Gourdel, commence à porter ses fruits. Le refuge des terroristes sanguinaires est détruit et la traque se poursuit. Jusqu'à l'éradication du groupe armé, promet-on. Le déploiement de l'armée ne se limite pas à la Kabylie, même si les islamistes armés se sont concentrés ces dernières années dans le centre du pays. L'élimination de plusieurs terroristes à l'Est, à l'Ouest et dans le Sud prouve au moins une chose : la régénérescence du terrorisme, qu'a évoquée récemment le chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense, n'est pas une simple vue de l'esprit. L'affaiblissement des Etats voisins dont la Tunisie, la Libye et le Mali depuis les révolutions de 2011 ont eu comme conséquence la fragilisation du maillage sécuritaire dans le Maghreb et le Sahel. Si l'attaque perpétrée en janvier 2013 contre le site gazier de Tiguentourine a été la première alerte sur l'urgence du renforcement du dispositif de sécurité à nos frontières, il n'en demeure pas moins que la proportion prise par les mouvements islamistes au Proche-Orient, notamment en Syrie, et le recrutement de ce qui est appelé "jihadistes" ont, d'une certaine manière, donné un second souffle aux résidus du terrorisme qui continuent de sévir en Algérie. L'ANP, qui a pris ses responsabilités dans les années 1990 face au péril islamiste, est à nouveau sur le front de la lutte antiterroriste. Le déploiement de l'armée dans le massif du Djurdjura devrait se poursuivre au-delà de son objectif premier qui est de retrouver les auteurs du meurtre du touriste français, afin de mettre en échec le projet de ceux qui ont juré de déstabiliser l'Algérie et d'en faire un champ de bataille. La lutte antiterroriste n'est pas que l'affaire des militaires. Elle est aussi celle des politiques, de la société tout entière. Car l'assassinat de Gourdel rappelle qu'il est temps de repenser la stratégie sécuritaire à l'heure des changements régionaux et internationaux où la multiplication des conflits, présentés souvent sous l'angle du fondamentalisme religieux, sert beaucoup plus des desseins de partage et de répartition des richesses que l'émancipation