Résumé : Nora confie sa peine à Mme Claude, qui la rassura. D'abord, elle devrait la déclarer à la Sécurité sociale, pour régulariser son séjour. La jeune femme craignait toujours que la police débarque à la pension, ou chez Mme Claude... Elle connaissait trop son mari, pour comprendre qu'il n'allait pas battre en retraite aussi facilement... Elle est enfin seule ! Elle s'allonge sur son lit, et met la télé pour meubler le silence pesant qui l'entourait, puis se met à réfléchir. Va-t-elle supporter seule le fardeau de sa déchéance ? Elle passe une main sur son ventre, et son cœur se serra. Elle n'avait pas le droit de torturer cet être minuscule qui prenait vie en elle, puis elle repense à Achour. Ce bébé était aussi le sien... Elle... Elle haïssait cet homme, et ne voulait rien garder de lui... Des idées contradictoires s'entrechoquaient dans son cerveau... Elle va avorter... Même si elle devrait se le reprocher toute sa vie... C'était la seule solution qui restait.... Yazid traverse encore ses pensées... Et si c'était son enfant qu'elle portait, comment aurait-elle réagi ? Elle ferme les yeux. Pourquoi n'avait-elle pas eu le courage de le contacter comme le lui avait suggéré Mme Claude... Pourquoi? Elle l'aimait encore, et n'imaginait pas vivre sans lui. Elle aimerait tant effacer le passé et reprendre sa vie comme auparavant... Ils étaient tellement heureux ensemble. Elle entendit quelqu'un frapper à la porte de sa chambre, mais ne voulut pas ouvrir. C'était sûrement Farès qui cherchait après elle, et elle n'avait pas du tout envie de le revoir ce soir. Le jeune homme battit en retraite, et Nora éteint la lumière. Elle voulait dormir. Se reposer, et oublier durant quelques heures ses préoccupations. Mais le sommeil la fuyait. Elle se lève alors, et ouvrit sa valise pour prendre son album photos. Achour n'avait pas repris connaissance. Au commissariat où il s'était rendu pour déposer une plainte contre sa femme, il avait eu un malaise et on avait dû appeler une ambulance pour l'évacuer à l'hôpital. On avait appelé ses enfants, mais seul un de ses fils était venu. Cela faisait déjà plusieurs jours qu'il était dans un coma profond, et ce matin il avait rendu l'âme. Un télégramme avait prévenu la famille. Son fils était revenu pour l'enterrement, et les obsèques s'étaient passées aussi rapidement que possible. On avait tenté de joindre Nora, mais comme la jeune femme demeurait introuvable, on avait laissé tomber. Pourtant, l'homme de loi, contacté par la famille pour le partage des biens, demeurait imperturbable. Il faut coûte que coûte retrouver Nora, sinon, il ne pourra pas appliquer la réglementation en vigueur, ni procéder à une lecture exacte des closes concernant l'héritage familial. De ce fait, on avait tenté de retrouver la jeune femme, en contactant tout d'abord sa famille en Algérie, puis en lançant un avis de recherche. Un des enfants de Achour ira jusqu'à demander les services d'un détective privé. Mais on ne possédait aucun indice pouvant aider à retrouver la jeune femme. De ce fait, à presque deux mois depuis la disparition de son mari, Nora n'était encore au courant de rien. Elle travaillait, et continuait à mener une existence d'exilée dans un pays étranger, alors qu'elle aurait pu rentrer chez elle, et retrouver sa vraie vie. Mme Claude lui avait établi une attestation de travail, et l'avait déclarée en toute légitimité aux services de la Sécurité sociale. Elle n'avait donc pas attendu longtemps pour avoir une carte d'affiliation, et pourra désormais avoir recours aux services du consulat pour prolonger son séjour. Elle avait soupiré d'aise, en espérant que tout allait s'arranger. Mais la venue d'un bébé dans ces conditions n'était pas pour la rassurer. Elle avait certes, maintenant la certitude, que Mme Claude n'allait pas la laisser tomber, et que Farès aussi ne voulait que son bien. Malgré sa curiosité maladive, le jeune homme n'avait aucune mauvaise intention à son égard. Bien au contraire, il lui faisait même la cour et tentait de l'aider à sortir de sa coquille. À l'instar des autres pensionnaires, il insistait pour qu'elle passe les soirées avec lui, au salon, et avait même formulé plusieurs fois des invitations à dîner, ou pour un spectacle. Mais Nora ne pouvait accepter... Elle aurait tant aimé pouvoir donner libre court à son envie de croquer la vie à pleines dents... Hélas, elle n'était qu'une fugitive qui attendait de surcroît un bébé. (À suivre) Y. H.