Résumé : Après son mariage, la jeune femme découvre que son mari était aussi insensible qu'une pierre. Il n'avait pas complètement récupéré, et elle devenait le bouc émissaire de ses moments de colère. Des années durant, et jusqu'à sa mort, elle dut supporter une vie de recluse et de souffre-douleur. Il mourra un soir devant la cheminée. La vieille dame se tût un moment avant de poursuivre : Je devais m'en sentir soulagée, mais ce n'était pas le cas. La mort de Maurice me plongera davantage dans la détresse. Je me retrouvais seule, et livrée à moi-même. Certes, j'héritais d'une pension et d'un appartement. Une année avant son décès, Maurice avait acheté cet appartement où je vis jusqu'à ce jour. Mais rien ne pouvait plus m'attirer ni me distraire. On dirait que la vie s'était retirée de moi aussi. Je ne savais plus sortir ni rire ni voyager... Je devenais de jour en jour amère et mélancolique. Mes parents s'en inquiétèrent et me proposèrent de tout vendre et de reprendre ma vie au village. Mais c'était fini pour moi, le village... Je n'étais plus la jeune femme insouciante qui aimait la campagne et qui passait des heures à taquiner les oiseaux... Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, au sens propre et figuré. Quelques mois passent. Pour des raisons administratives, je dus me rendre à Paris. Alors que me retrouvais sur le quai d'un métro, j'entrevis Henri avec une jeune femme et deux enfants. Mon cœur fera un bond dans ma poitrine. Henri avait pris femme, et était père de famille. Comme s'il avait ressenti ma présence, il s'était retourné, et nos regards s'étaient croisés. Une minute, nous nous sommes interpellés visuellement... Mon métro arrive... Je monte, et je quitte Henri pour toujours cette fois-ci. Ah la vie ! Elle soupire encore : -La vie vous donne une seule chance. Si vous la ratez, vous le regretterez pour le restant de votre existence. Si je n'avais pas quitté Henri, je n'aurais pas vécu tel un forçat de longues années avec Maurice sans même pouvoir bercer un enfant dans mes bras. J'aurais été une heureuse mère de famille, et peut-être qu'aujourd'hui, je serais grand-mère au lieu de me morfondre dans ma solitude. Elle ferme les yeux puis les rouvrit : -Nora, ma fille... Maintenant que vous connaissez tout sur moi, vous devrez écouter mes conseils. Il faut savoir pardonner et oublier sa fierté. Car en amour, il n'y a pas de fierté... Si votre cœur bat encore pour Yazid, n'hésitez pas à le contacter... Peut-être que lui aussi n'attend qu'un signe de vous. Nora baisse les yeux : -Mme Claude, votre récit me touche énormément, et vos souffrances encore plus. Je comprends fort bien vos motivations, mais je ne pourrais pas reprendre avec mon ex-mari tant que je n'ai pas divorcé de l'actuel. Et puis, je... Je ne serais pas étonnée si la police est déjà lancée à mes trousses. Achour est capable d'inventer n'importe quoi pour m'humilier. -Ne croyez pas que la police va prendre ses dires en considérations sans tout d'abord faire son enquête. S'il s'avère que ce que cet homme leur a raconté est faux, il sera poursuivi pour outrage, harcèlement, diffamation... etc. -J'ai tout de même abandonné le foyer. -Vous avez sauvé votre peau Nora... C'est ce que j'appellerais une légitime défense. -Mais j'ai retiré ma plainte... -Eh bien, vous aviez tort... Achour n'est pas homme à apprécier un tel geste de votre part. Il doit ruminer des idées noires à votre encontre, et tenter de vous récupérer pour vous humilier davantage. Prenez donc les devants, et allez consulter un homme de loi. Nora garde le silence, et Mme Claude passe une main dans ses cheveux et lui caresse la joue : -Je ne suis pas aussi aisée qu'on a tendance à le croire, mais je ferais de mon mieux pour vous aider à prendre un avocat et à vous débarrasser de cet intrus. Nora termine sa journée et rentre à la pension. Elle passe par le fleuriste du quartier, et commande un bouquet de fleurs. Le couple espagnol fêtait son sixième anniversaire de mariage ce soir, et elle était invitée à partager la petite fête prévue à cette occasion. Comme de coutume, elle monte d'abord dans sa chambre pour se reposer, puis prend une douche, avant de descendre pour le dîner. Le couple Marcel et l'homme d'affaires dont elle avait oublié le nom étaient en pleine conversation. Les autres arrivèrent par la suite. Farès, la vieille dame et le jeune mannequin. Tout le monde était présent, et à l'heure. (À suivre) Y. H.