Les négociations avec les autorités politiques n'ont pas abouti, car, selon des policiers rencontrés jeudi devant la Présidence où ils étaient encore des centaines, "le départ de Hamel et la création d'un syndicat autonome" restent des préalables pour la reprise du travail. La manifestation entamée, mardi, à Ghardaïa, et qui a fait tache d'huile auprès de milliers d'autres éléments des Unités républicaines de sécurité, notamment à Alger, n'a pas encore livré tous ses secrets. Ainsi, les protestataires pourraient redescendre dans la rue à partir de demain, dimanche, au cas où ils jugeraient que leurs doléances n'auront pas été satisfaites. Abdelmalek Sellal a déclaré, à l'issue de la rencontre mercredi avec les délégués de la police, qu'une réunion avec les ministères concernés est prévue "pour examiner la manière de prendre en charge leurs préoccupations" en vue "d'améliorer les conditions de travail des éléments de la Sûreté nationale". Cette annonce du Premier ministre et ses engagements à satisfaire quelques points contenus dans la plateforme de revendications des policiers n'a pas, pour autant, convaincu les manifestants qui ont maintenu, près de 24h après l'avoir rencontré, leur sit-in devant le siège de la Présidence. C'est ce qui a fait dire à plusieurs policiers que les négociations avec les autorités politiques n'ont pas abouti, car, selon des éléments rencontrés jeudi devant la Présidence, "le départ de Hamel et la création d'un syndicat autonome" restent des préalables pour la reprise du travail. Jeudi matin, ils étaient toujours des centaines devant le siège de la Présidence. Bien que fatigués, ils donnaient toujours l'air d'hommes déterminés à arracher leurs droits. Le jardin de la Présidence évacué Contrairement à la journée de mercredi, celle de jeudi a connu l'arrivée des éléments de la Garde républicaine et des membres de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI). Les premiers avaient pour mission de sécuriser le palais présidentiel et les seconds ont été dépêchés pour encadrer leurs collègues des unités, dont une partie allait quitter les lieux. Déjà des bus arrivaient pour transporter les manifestants. Les premières tentatives pour pousser les protestataires à lever le camp se sont avérées vaines, mais un moment après, des groupes de policiers commençaient à prendre place dans les bus, et ce, malgré la résistance de leurs collègues qui essayaient de redonner de l'ardeur au mouvement, mais sans résultat. Hormis quelques agents qui tentaient de mobiliser les autres en scandant des slogans hostiles à Hamel et favorables à des augmentations de salaires, les rangs des frondeurs commençaient à se réduire. Les manifestants avaient pris place en contrebas du siège, en face du rond-point, où un interminable embouteillage s'est formé. À son arrivée sur les lieux, Noureddine Boufelaga, chef de sûreté de la wilaya d'Alger, a engagé des pourparlers avec les protestataires. Ces derniers n'ont cessé, depuis mercredi, de "faire sa promotion" pour remplacer Hamel. "Tous les éléments qui travaillent à Alger le connaissent", dit un policier. Les négociations entre Boufelaga et les protestataires semblent porter leurs fruits. Par groupes, les policiers commencent à quitter les lieux pour prendre place dans les bus. Un groupe de policiers résiste. Imperturbables, ces policiers brandissent des pancartes sur lesquelles étaient inscrites leurs revendications. Le départ de Hamel figure en premier lieu. Il est 16h lorsque les protestataires quittent définitivement les lieux. Le dernier groupe a pris place dans un bus. Contrariés par la décision de leurs collègues, certains continuaient à scander des slogans même à l'intérieur du bus qui démarrait sur les chapeaux de roue, laissant quelques éléments de la BRI veiller au grain. Aucun policier protestataire n'est resté sur place. Ils décident tous de lever le camp, même s'ils estiment que "leurs revendications ne sont pas satisfaites". "Nous sortirons de nouveau dans la rue si les responsables persistent à ignorer certaines de nos revendications", lance à la presse un jeune policier de l'intérieur du bus, visiblement dépité par le départ de ses collègues. Fin de la protestation ou simple trêve ? Les plus téméraires des protestataires ont juré de "ne pas se laisser berner par des promesses". Une heure plus tard, les militaires déployés ont, eux aussi, levé le camp.