Aucun accord n'a été trouvé entre les délégués de la police et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Ce dernier a promis la prise en charge des revendications exprimées, mais il a rejeté la création d'un syndicat, proposant, à la place, une commission nationale. Quatorze heures trente, hier devant le siège de la présidence de la République, les policiers, qui occupaient les lieux tôt dans la journée, ont décidé de former une délégation de cinq représentants de chaque unité. Ils étaient une cinquantaine à se préparer pour accéder au bloc des conseillers à la Présidence pour êtres reçus par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Quelques instants plus tard, cette délégation sera invitée à y accéder. Moins d'une demi-heure après, le véhicule, qui transportait le Premier ministre, franchit le portail de la Présidence. Devant le hall du bloc des conseillers, Sellal est accueilli par des applaudissements, des chants patriotiques et des slogans appelant au départ de Hamel. D'autres slogans étaient favorables à la constitution "d'un syndicat autonome" de la police. De temps à autre, des applaudissements fusaient de la foule compacte des policiers et déchiraient le climat d'impatience qui régnait chez les frondeurs. C'était, en fait, un signe pour accueillir d'autres policiers qui venaient des autres régions. Selon des informations, plusieurs délégations sont venues de Naciria, Tizi Ouzou, Blida..., pour manifester avec leurs collègues. Dans le jardin de la Présidence, des centaines de policiers trépignaient d'impatience. Ils attendaient la fin des négociations avec Sellal, car, pour eux, "sans le départ de Hamel, aucune reprise du travail ne sera envisagée". Le mouvement, entamé depuis avant-hier avec une marche depuis El-Hamiz jusqu'au Palais du gouvernement, a pris une autre tournure hier. En effet, ces policiers ont décidé, tôt dans la matinée d'hier, d'investir le siège de la présidence de la République. De Ben Aknoun vers El-Mouradia, les barrages de police étaient presque déserts, même si un service minimum était assuré. "Nous n'allons pas tous déserter nos postes", a confié un policier rencontré dans un barrage. Il a expliqué qu'au-delà du fait que ses collègues sont "en grève", pas question pour eux de désobéir aux ordres. "Il s'agit de maintenir le dispositif sécuritaire et ne pas laisser des failles pour une quelconque atteinte à la sécurité." Au niveau de ces barrages, la voie était ouverte. À midi, Ahmed Ouyahia, chef de cabinet de la Présidence, apparaît derrière le portail resté fermé. Les milliers de policiers qui occupaient les lieux lui tournent le dos en guise de refus d'engager des négociations avec lui. "On demande Sellal", ont-ils crié. Un moment après, Ouyahia retourne sur ses pas. La tête de Hamel demandée Depuis le début de cette action, une seule revendication revient tel un leitmotiv. Il s'agit du départ du DGSN, le général-major Abdelghani Hamel. Même dans la plateforme de revendications que les manifestants ont rendue publique, le départ de Hamel ouvre la voie à une vingtaine d'autres doléances. Cette colère contre le chef de la police est partagée par tous les éléments que nous avons interrogés. "Nous n'allons pas reprendre du service tant qu'il est là", répond un policier. Un autre ajoute : "Le responsable des unités doit aussi partir et tous les autres responsables qui travaillent actuellement avec lui." Les griefs retenus contre le général-major Hamel ne s'arrêtent pas là. D'ailleurs, un petit moment après l'arrivée de Sellal, les policiers scandaient : "Boufelaga DG !" Noureddine Boufelaga est l'actuel chef de sûreté de la capitale. M. M.