Résumé : Laissant Marguerite, l'infirmière, s'occuper de la vieille dame, Nora est sortie faire des courses. Elle a eu la délicatesse d'acheter des fleurs et des pâtisseries, car elle commençait à connaître les goûts raffinés de Mme Claude et voulait lui faire plaisir. À son retour, cette dernière lui apprendra que quelqu'un l'avait appelée... Mme Claude hoche la tête : -Heu... Oui... Mais comme j'ai des trous de mémoire, je ne me rappelle pas très bien de son nom... Quelque chose comme... Farid... Faris... -Farès... -Oui... Oui, c'est ça, Farès... Il a dit qu'il était un ami à vous. Nora hoche la tête : -Oui... Si on veut. C'est un jeune homme que j'ai rencontré à la pension. Un jeune Maghrébin. -Comment sait-il que vous êtes chez moi ? -C'est sûrement Mme Robert qui l'en a informé... Il voulait peut-être avoir de mes nouvelles... -C'est gentil de sa part. Elle la contemple et remarque la rougeur de son teint : -Vous paraissez bouleversée Nora... Ce coup de fil vous a perturbée ? Nora secoue la tête : -Heu... Non... Enfin disons que je craignais que ce ne soit quelqu'un d'autre. -Quelqu'un d'autre ? -Oui... J'ai tenté de contacter Yazid hier soir, mais... Je n'ai pas eu le courage de lui parler... Mme Claude sourit : -Ah ! Vous prenez enfin une bonne décision... C'est toujours un premier pas... Vous allez le rappeler tout à l'heure et discuter avec lui. -Non... Je ne pense pas... Je n'ai pas assez de courage pour cela... Et puis, je ne suis pas encore divorcée et j'attends un enfant. -Raison de plus pour avoir du réconfort... à deux on affronte mieux les situations. -Non. Je préfère ne pas trop me leurrer Mme Claude... Le passé est derrière moi, et l'avenir s'avère incertain... La vieille dame lui tapote la main : -Toujours pessimiste, hein ? Voyons Nora, cessez de dramatiser les choses et allez de l'avant... Nora baisse les yeux. -Je vais rappeler Farès... Je n'aimerais pas qu'il vous importune par ses coups de fil. -Cela ne me dérange pas Nora... J'aimerais tant vous voir reprendre goût à la vie, sortir, vous amuser, rencontrer des amis... -Vous êtes bien aimable Mme Claude. Elle jette un coup d'œil à sa montre : -Il est temps d'aller préparer le déjeuner... Elle se sauve dans la cuisine, en laissant la vieille dame méditer sur son sort. Le policier monte les quelques marches d'escalier qui le séparaient de la porte et actionne la sonnerie. On était en début de semaine, et deux jours auparavant, on avait reçu au commissariat un avis de recherche concernant une pensionnaire dans l'établissement. Mme Robert vint ouvrir, et se fige devant l'homme en uniforme : -Bonjour madame... Désolé pour le dérangement, mais je viens demander après une jeune femme que vous hébergez chez vous, une certaine Nora..., une Algérienne... -Dora... -Non... Nora... -Oui... Oui... Je vois de qui vous parlez... Elle soupire et demande : -Pourquoi la cherche-t-on donc ? A t-elle commis une infraction ? Le policier hausse les épaules : -Je ne sais pas exactement de quoi il s'agit... En temps normal, on lui aurait envoyé une simple convocation, mais l'urgence est signalée. Il fouille dans sa poche pour prendre un papier : -Voici un mandat de perquisition, et un avis de recherche concernant cette jeune femme... Réside-t-elle encore chez vous ? -Non... Elle a quitté la pension depuis un mois, mais je pourrais vous orienter... -Elle est toujours en ville, j'espère ? -Elle n'a pas quitté la ville. Elle travaille non loin d'ici, chez une vieille dame... Mme Robert renseigne le policier, et ce dernier ne tarde pas à débarquer chez Mme Claude. Nora ouvrit la porte à la première sonnerie, et à la vue du policier, elle perd toute contenance : -Vous venez m'arrêter ? (À suivre) Y. H.