Résumé : Farès insiste pour que Nora descende dîner. La jeune femme, encore sous le choc de sa grossesse, ne pouvait avaler une bouchée. Le jeune homme tente de la distraire, mais devant sa déprime, il n'y va pas par quatre chemins pour essayer d'en connaître davantage sur elle... Pourquoi une femme aussi jeune se résigne-t-elle à vivre en recluse. Nora prend une longue inspiration avant de répondre : -Farès... Tu es un chic type... Je n'ai absolument rien, je t'assure. Je te répète que je suis juste... -Un peu fatiguée. Je l'ai bien entendu Nora... Mais je n'en crois pas un mot. Tu traînes plutôt une fatigue nerveuse... Je sens que quelque chose ne va pas chez toi... Nous sommes deux jeunes gens, deux jeunes Maghrébins dans un pays étranger... Nous devrions nous entraider... Touchée par sa sincérité, Nora relève la tête et le regarde dans les yeux : -Merci Farès. Ta sollicitude me va droit au cœur... Je suis anxieuse ces derniers temps... Mon visa expire dans un mois... Je ne sais que faire... Je devrais peut-être me rendre à Paris pour déposer mes papiers et demander une prolongation de séjour. -Ce ne sera pas un problème pour toi... Je vais t'accompagner si tu veux pour te faciliter la tâche... Heu... Si tu es déclarée à la sécurité sociale, le problème ne se posera pas... -Je ne le suis pas encore. Cela fait à peine un mois que je travaille chez Mme Claude. - Parles-lui-en. Elle devrait t'affilier à une caisse d'assurance. -Oui... J'y avais déjà pensé... Mais je n'ai pas eu l'occasion de lui en parler. Farès se tut et la regarde avant de demander : -Pourquoi es-tu venue en France, Nora... ? Elle relève promptement la tête : -Hein... ? -Pourquoi as-tu quitté le pays... ? Mme Robert m'avait dit que tu étais enseignante. Ne viens donc pas me raconter que c'est pour chercher du travail. -C'est pourtant le cas. Farès lui serre encore la main : -Tu n'es pas obligée de te confier à moi... Nous ne nous connaissons pas encore assez pour cela... Mais je n'avalerai jamais l'argument que tu viens d'avancer. -Pourquoi donc ? -Parce que tu es constamment sur tes gardes, Nora... Tu es stressée... Tu marches dans la rue en te retournant et en jetant des regards à droite et à gauche, comme si tu voulais t'assurer qu'on ne te suit pas. Excuse-moi. Je ne voulais pas m'immiscer dans ta vie privée, mais je t'ai surprise au téléphone la dernière fois en train de discuter avec quelqu'un... Tu parlais d'avocat et de divorce. Nora se rappelle avoir pris contact avec un bureau juridique pour demander l'adresse d'un avocat. Elle se rendit compte que même dans cette pension, elle n'était pas en sécurité. Quelqu'un pouvait entendre ses conversations téléphoniques. -Je voulais avoir des renseignements... -Oui, je l'ai compris. Il sourit et poursuit : -Ne crois pas que je t'espionne Nora. Loin de moi cette idée... Je veux juste t'aider... Elle garde le silence quelques minutes avant de demander : -Pourquoi veux-tu m'aider Farès ? Le jeune homme ébauche encore un sourire : -Parce que tu es une bonne fille, Nora... Tu es le genre de femme qui ne passe pas inaperçue par sa beauté et son caractère. Tu as un grand cœur... Ta générosité pourrait attirer les convoitises. Peut-être est-ce une affaire de jalousie que tu tentes de camoufler. Elle secoue la tête : -Non, Farès... Tu n'y es pas du tout... Elle ne put continuer, car un sanglot l'étrangla. Elle se lève promptement et court vers les escaliers pour aller se réfugier dans sa chambre. Farès demeure un moment interdit. Cette fille l'intriguait... Son sourire triste n'arrivait pas à illuminer son regard éteint. Nora avait souffert et souffrait encore. Il en était plus que certain. Il jette sa serviette et quitte la table à son tour. Le lendemain, Nora quitte la pension très tôt. Elle se rendit chez Mme Claude, et effectue rapidement les premières tâches de la journée. En début d'après-midi, alors que la vieille dame faisait la sieste, elle décida de se rendre chez un gynécologue pour avoir une idée sur son état. (À suivre) Y. H.