Le gouvernement pouvait-il agir autrement ? Le patron de la police a été nommé par le chef de l'Etat et sa désignation a été le fruit d'âpres négociations entre cercles influents. Et, politiquement, le pouvoir n'a pas intérêt à sacrifier un de ses représentants. Comme prévu, le conseil interministériel, tenu hier, pour répondre aux revendications des policiers, s'est contenté du volet socioprofessionnel et a évacué le reste, notamment les questions liées au départ du DGSN et des responsables des URS, tout en laissant la question de la création d'un syndicat, ouverte. Le gouvernement s'est borné à sortir son chéquier, avec toutes les conséquences économiques et l'effet contagion que cela risque de provoquer (les pompiers se sont déjà engouffrés dans la brèche depuis d'hier). Il y aura des augmentations de salaire, un versement des primes réclamées par les policiers, comme il y aura des mesures en vue d'améliorer les conditions de travail, notamment l'affectation des policiers. Les policiers devraient, également, bénéficier de quotas de logements dans le cadre des dispositifs existants. La réunion du conseil interministériel, tenue à huis clos, a reconnu les conditions de travail difficiles des policiers, notamment ceux envoyés dans les coins chauds. Mais, le communiqué sanctionnant cette réunion ne fait aucunement référence aux autres revendications, que ce soit les départs du DGSN et des directeurs des URS, ou encore la levée de toutes sortes de pressions sur les policiers dans l'exercice de leurs fonctions. La réunion du conseil interministériel, en présence du DGSN décrié par ses éléments, laisse planer le suspense quant à la réaction des policiers, toujours en attente de la concrétisation de leurs revendications et qui avaient prévenu qu'ils allaient ressortir dans la rue au cas où ils n'obtiendraient pas satisfaction. Alors que leur plateforme de revendications contenait comme premier point le départ du général-major Abdelghani Hamel, ainsi que plusieurs responsables de ce corps constitué, le gouvernement oppose une fin de non-recevoir à cette partie des revendications, même s'il ne le dit pas ouvertement. Alors que les rumeurs les plus contradictoires circulent au sujet du successeur de Hamel, mais aussi des sanctions qui auraient touché quelques grosses pointures de la DGSN, le gouvernement a préféré la politique de l'autruche, pensant pouvoir, encore et toujours, acheter la paix, en sortant son chéquier. Le gouvernement pouvait-il agir autrement ? Le patron de la police a été nommé par le chef de l'Etat et sa désignation a été le fruit d'âpres négociations entre cercles influents. Son maintien ou son limogeage devrait donc suivre le même processus. Et, politiquement, le pouvoir n'a pas intérêt à sacrifier, du moins dans l'immédiat, un de ses représentants, surtout quand il est projeté de lui confier, dans un avenir qu'on dit proche, des fonctions plus stratégiques encore. Et surtout que cela pourrait aussi donner de "mauvaises idées" aux autres corps et autres secteurs névralgiques. Ce n'est pas la politique de la maison et ce n'est pas aujourd'hui, en plein doute sur les capacités physiques du chef de l'Etat à assumer ses responsabilités, que l'on va faire de telles concessions. Le message du gouvernement s'adresse également aux autres corps, notamment les pompiers qui réclament, eux aussi, le départ de leur patron. Du coup, et selon nos informations, les corps des Douanes et des agents de la Protection civile auront bénéficié des mêmes avantages que ceux concédés aux policiers, avant même qu'ils n'investissent la rue. En attendant de voir comment les policiers vont accueillir les mesures entérinées par le gouvernement, et des suites à donner au mouvement annoncé des pompiers, force est de constater que le pouvoir est dans une impasse et que ce ne sont plus seulement quelques partis de l'opposition qui le poussent à opérer des changements, mais désormais ses propres troupes qui se entrent en rébellion. A. B.