Le mouvement de protestation qui a ébranlé le corps de la Police nationale la semaine dernière, a été suspendu depuis jeudi soir, en attendant la tenue de la réunion interministérielle promise par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, mercredi. Le rassemblement devant le siège de la présidence de la République d'environ six mille policiers, venus de plusieurs régions du pays, a pris fin tard dans la journée du jeudi, mais il peut reprendre si le gouvernement ne répondait pas à leur plateforme de revendications qui contient 19 points, a-t-on appris hier matin. Partie de Ghardaïa, la colère des policiers des Unités républicaines de sécurité (URS) s'est propagée à travers quasiment l'ensemble du territoire national. La marche des éléments des URS d'Alger et des villes environnantes vers le Palais du gouvernement a créé une véritable inquiétude et donné lieu à de nombreuses interrogations au sein de la population. L'arrivée d'autres policiers des wilayas de l'Est et de l'Ouest en fin de journée du mardi, rejoints par d'autres collègues tout au long de la journée du mercredi et du jeudi a fait plier le Premier ministre qui avait fini par les recevoir au siège de la présidence où ils ont tenu un rassemblement entre la nuit du mardi à mercredi jusqu'à jeudi soir. M. Sellal a accepté de recevoir des délégués de policiers protestataires après avoir échoué la matinée à les convaincre à quitter les alentours de la Présidence, via des émissaires envoyés la matinée. Même l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s'est vu refouler par les protestataires qui ont exigé la présence d'Abdelmalek Sellal sur les lieux de leur rassemblement. Ce dernier a donc promis de tenir une réunion interministérielle qui devrait se pencher uniquement sur les revendications socioprofessionnelles des URS. Mais cette réunion est loin de satisfaire les attentes de ce corps de la police qui demande la tête du directeur général de la sûreté nationale (Dgsn), Abdelghani Hamel, accusé d'être derrière leur «détresse», sur tous les plans. Ce qui risque d'inscrire ce mouvement de protestation dans la durée, voire à s'étendre à d'autres corps de la Police nationale. D'autant plus que M. Sellal a ouvertement affiché son rejet de discuter des deux premiers points de la plate-forme de revendications que les protestataires lui ont remis la veille. Selon lui, le départ du Dgsn et la création d'un syndicat de la police ne relève pas de ses prérogatives. Pourtant, l'exigence des policiers des URS était clairement formulée. Autrement dit, les policiers protestataires ont demandé d'Abdelmalek Sellal de les entendre pour transmettre leurs doléances au président de la République, le seul à pouvoir démettre le Dgsn de ses fonctions. Ce pourquoi, ils avaient refusé toute discussion avec leur ministre de tutelle, le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, qui s'est montré favorable à la création d'un syndicat de la police, ajoutant même sa disponibilité à y contribuer. L. M.