Sellal a voulu rassurer sur la prétendue apparition de la nébuleuse Daech, acronyme en arabe de l'organisation de l'Etat islamique dont un groupe qui lui est affilié a revendiqué l'assassinat d'Hervé Gourdel. C'est depuis In Guezzam, à l'extrême sud du pays, à un jet de fusil du Niger, que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a choisi pour une fois de s'exprimer sur la situation sécuritaire du pays, notamment depuis la mort du guide français, Hervé Gourdel, en septembre dernier en Kabylie. Le choix du lieu n'est sans doute pas fortuit. Ici, l'Armée nationale populaire, tout comme les douaniers et autres corps de sécurité sont sur le pied de guerre et ont fort à faire face au trafic en tous genres, de la contrebande au crime organisé en passant par l'immigration clandestine. Et pas souvent dans des conditions faciles, eu égard à l'austérité du climat et à l'étendue du territoire. Récemment encore, l'ANP a eu à intercepter nombre d'immigrants clandestins et de grandes quantités de produits destinés à la contrebande. Mais pas seulement : l'instabilité chez nos voisins, la proximité avec le Sahel, sanctuaire de bandes terroristes, font toujours planer de sérieux risques sécuritaires sur le pays. Mais Sellal a rassuré devant la population locale, notamment sur la prétendue apparition de la nébuleuse Daech, acronyme en arabe de l'organisation de l'Etat islamique dont un groupe qui lui est affilié a revendiqué l'assassinat d'Hervé Gourdel. "Au Maghreb, en Afrique du Nord, il ne peut pas y avoir de Daech. L'Algérie ne connaît pas de Daech, ni de près ni de loin. En tout cas, on y fera face", a-t-il déclaré devant les élus, le wali de Tamanrasset, le commandant de la VIe Région militaire, les notables locaux dont des représentants de Tinzaouatine et devant de nombreux ministres qui l'accompagnaient dont ceux de l'Intérieur, de l'Education, de la Santé, de la Solidarité, de l'Energie et des Mines, de l'Habitat, ainsi que le DG des douanes et de nombreux cadres des corps de sécurité. Il reste que la guerre contre le terrorisme et le défi sécuritaire ne doivent pas être seulement l'affaire des militaires, insiste Sellal, d'autant, selon lui, que la "situation est difficile, très difficile". "Vous le savez", leur a-t-il lancé. "Nous sommes à 10 km du Niger, vous vivez dans la stabilité. On a une armée forte, on salue ses efforts. Mais on doit la renforcer, renforcer la stabilité, c'est le but de notre visite. Vous avez vu comment l'armée est déployée le long des frontières et l'Etat appuie son armée et ses services de sécurité, mais ce n'est pas suffisant. Ce sont les citoyens qui protègent le pays, c'est vous qui devez protéger le pays", martèle Sellal qui sollicite le concours de la population locale, d'autant, leur rappelle-t-il, que "vous avez des relations avec les habitants du nord du Niger et du Mali". En plus de l'action de l'armée dont il exclut qu'elle intervienne en dehors des frontières, Sellal met en exergue l'action diplomatique de l'Etat. "L'armée est forte, mais on doit l'appuyer. Elle protège le pays, mais ne peut pas intervenir à l'extérieur. On travaille avec nos voisins, comme on l'a fait avec la Tunisie, on le fait avec la Libye. On a besoin d'ouvrir les frontières, mais une fois qu'on aura rétabli la sécurité", insiste Sellal. Il reste qu'Abdelmalek Sellal est conscient qu'une implication efficace de la population ne peut se faire sans s'attaquer à ce qui constitue le terreau du terrorisme, la misère. "On est venu pour voir comment développer cette région, lui garantir la stabilité pour qu'elle joue son rôle. J'ai entendu certaines préoccupations, on va prendre des dispositions pour insuffler une nouvelle dynamique de développement", a-t-il promis. Et la priorité sera désormais donnée aux jeunes de la région, hormis dans les secteurs qui nécessitent la spécialisation. "Entre 50 et 70% des douaniers mobilisés pour lutter contre la criminalité et la contrebande sont issus de la région", selon Sellal. "On est venu voir les problèmes que vous rencontrez et le niveau d'avancement des programmes. On est venu contrôler et soutenir", a-t-il ajouté, non sans lancer une petite pique à l'adresse de l'opposition qui l'avait accusé lors de ses visites à la veille de la présidentielle et selon lesquelles elles s'inscrivaient dans le cadre de la campagne. "C'est pour répondre à ceux qui disent qu'on fait des visites dans le cadre de la campagne." "On a rétabli la stabilité grâce à la réconciliation. On va vous aider pour développer davantage ces régions", soutient-il peu après avoir inauguré quelques réalisations dont un centre des douanes, une Maison de jeunes et un tribunal. Dans ce contexte, Sellal a annoncé un programme supplémentaire pour Tamanrasset qui touchera tous les secteurs, y compris la réalisation de nouveaux aéroports. Il n'a pas manqué, par ailleurs, de mettre en garde tous ceux qui seraient tentés par la déstabilisation du pays et son unité, dont certains voleurs d'or, d'autant que la région est visiblement riche en minerais. "Celui qui s'approche, on va l'éliminer. On va faire face à tout ce qui touche à l'unité du pays", a-t-il dit sous un tonnerre d'applaudissements. Il reste que, loin des rencontres officielles et des discours de circonstance, des gens souffrent le martyre, dans ce pays loin des hommes et des médias. "On n'a pas de médecins, ni de lycée. La route In Guezzam-Tam est défoncée. Ces trottoirs que vous voyez n'ont été peints qu'hier soir", nous lance un groupe de jeunes filles, massées aux abords du lieu où Sellal tenait son discours. Après In Guezzam, Sellal s'est rendu dans l'après-midi à Bordj Badji-Mokhtar. Prochainement, il se rendra à Bordj Omar-Driss et à Debdab, dans la wilaya d'Illizi, limitrophe de la Libye. Le gouvernement est décidément au chevet de ses régions frontalières. K. K.