La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) a alerté que "la presse algérienne souffre toujours de pratiques monopolistiques, notamment en matière d'impression, de distribution et de publicité". Cette annonce intervient la veille de la commémoration de la Journée nationale de la presse. Dans un communiqué parvenu hier à la rédaction, le bureau de la Laddh de Chlef a rendu hommage aux journalistes assassinés et à ceux disparus entre 1993 et 1997, ainsi qu'au "courage" des journalistes et photographes, qui continuent d'exercer "malgré la censure et la répression". Pour la ligue, la liberté d'expression est "un droit fondamental", inscrit à l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et constitue, par conséquent, "la pierre angulaire de la bonne gouvernance, du développement durable, d'une paix et d'une sécurité durables". Elle a rappelé, cependant, que l'Algérie, placée au 121e rang sur 180 pays, n'est pas un bon élève en matière de liberté de la presse, en s'appuyant sur le dernier classement mondial (2014) de la liberté de la presse, établi par RSF. La Laddh reste convaincue que cette situation est due à "plusieurs facteurs". En effet, elle a estimé que "la loi sur l'information de janvier 2012 a augmenté les amendes pour les journalistes qui commettent des délits d'expression". Des délits comprenant "la diffamation ou le mépris pour le Président, les institutions étatiques et les tribunaux". Selon le communiqué, la même loi a aussi élargi "les restrictions", obligeant les journalistes à "respecter des concepts formulés en termes vagues, tels que l'unité et l'identité nationales, l'ordre public et les intérêts économiques nationaux". La Ligue pour la défense des droits de l'Homme a relevé, en outre, que d'autres délits d'expression imprègnent le code pénal, notant que celui-ci prévoit jusqu'à 3 ans de prison pour tracts, bulletins ou dépliants "de nature à nuire à l'intérêt national" et jusqu'à un an pour diffamation ou injure à l'encontre du président de la République, du Parlement, de l'Armée ou d'institutions publiques. Sur le registre de l'impression et de la publicité, la ligue s'est exprimée sur le "monopole" de l'Etat, en signalant le parti pris du pouvoir qui, sous le couvert de l'imprimerie de l'Etat et du contrôle sur la distribution de la publicité, accorde ses largesses à certains journaux et met d'autres à genoux. Le document de la Laddh, par ailleurs, a fait état de la "difficulté d'accéder à l'information" et des "pressions contre les journalistes", notamment à l'intérieur du pays. Non sans déplorer l'absence d'"organes indépendants de régulation", ainsi que les "entraves" à l'exercice du métier de journaliste. Saisissant la célébration de la journée du 22 octobre, le bureau de la ligue a proposé la mise en place de "mécanismes efficaces et transparents" d'aide à la presse, "une protection judiciaire et légale" des journalistes, l'institution d'organes de régulation "indépendants" et un "traitement égal" entre les médias publics et privés. Il a également appelé les pouvoirs publics à créer "les conditions d'un meilleur épanouissement" des organes de presse et des professionnels du secteur, et à mettre en place une "commission indépendante" qui se chargerait de la gestion de la subvention de l'Etat aux médias.