L'OMC, petite organisation de 500 personnes, est l'outil de la mondialisation, de loin le plus efficace que les institutions financières et monétaires multilatérales. Pour y adhérer et jouir du label d'économie ouverte, il faut remplir toutes les clauses de libéralisation : un ensemble de lois et procédures complexes, contenues dans un guide de pas moins de 500 pages qui concerne le commerce mondial dans tous ses aspects et dans tous les domaines (échanges industriels, agricoles, culturels et de services). En théorie, les décisions sont prises par consensus entre les 137 gouvernements des pays membres, mais dans la réalité, ce sont les Etats-Unis qui dictent leur loi, forts de leur puissance universelle, suivis de L'Europe (UE). Dans les réunions de l'OMC transparaissent plutôt les intérêts de ces deux ensembles que les préoccupations des pays en développement renvoyés, eux, au cahier des charges. Le gouvernement américain n'a d'autre souci que celui de satisfaire ses propres lobbies internes et les gouvernements européens, qui obéissent également à cette logique, mettent en avant une certaine vision de la gouvernance mondiale pour, avant tout, obtenir des arbitrages dans les différents qui les opposent aux Etats-Unis. La suprématie de ces deux ensembles se vérifie au sein de l'ORD, l'organe de règlement des différends dans les conflits commerciaux entre les Etats membres de l'OMC. Ses décisions sont en général en leur faveur. Et quand une plainte contre les Etats-Unis est agréée, le gouvernement américain se donne le droit de passer outre, sachant qu'il est à l'abri de toute mesure de rétorsion commerciale. Les pays en développement, qui sont mis à mal par leur adhésion, ne peuvent rien contre leurs partenaires occidentaux de l'OMC qui n'arrêtent pas de dresser des mesures protectionnistes autour de leurs frontières, notamment dans des domaines qui comptent pour les pays en développement : produits agricoles, textiles et sidérurgie. Les occidentaux continuent de se protéger et dans le cahier des charges de l'OMC, version Marrakech de 1994, ils veulent inclure de nouveaux sujets : environnement, clauses sociales, normes de travail, bonne gouvernance… ce qui revient à exclure totalement des circuits mondiaux les marchandises des pays en développement. Franchement, on est bien loin de l'objectif annoncé par la mondialisation de l'émergence d'un droit du commerce international qui protège les plus faibles contre les actions unilatérales des plus puissants. D. B.