Les gros projets d'infrastructures ne sont, en grande partie, pas achevés. Et l'industrie demeure malade. Le Conseil national économique et social reconnaît, dans son rapport de conjoncture économique et social du deuxième semestre, que l'année 2003 a enregistré une croissance exceptionnelle de 6,8%, comparativement aux résultats de ces dernières années. En même temps, la consolidation des équilibres macroéconomiques est accompagnée d'un faible niveau de hausse des prix et d'un niveau de création d'emploi appréciable. Seulement, le CNES, dans son rapport de conjoncture économique et sociale du deuxième semestre 2003, affirme que “l'amélioration des indicateurs économiques et sociaux, à laquelle le PSRE a contribué, n'est pas parvenue à lever les incertitudes sur les perspectives à long terme déterminées, en dernière instance, par les performances des entreprises et les stratégies qui peuvent permettre une insertion active dans la mondialisation”. Le CNES souligne que la nature extensive de cette croissance a peu bénéficié à l'évolution des structures économiques. Le rapport s'interroge, d'ailleurs, “si les résultats obtenus résultent d'une extension des capacités et du potentiel de production ou d'un rattrapage par rapport aux capacités existantes”. C'est que, selon le rapport, la croissance portée par le PSRE a souffert d'une atomisation des opérations sans que les projets structurants relevant des infrastructures et qui accaparent plus de 40% des dotations budgétaires n'aient été conduits à leur terme et sans que les incidences, au niveau des entreprises n'en aient permis un effet multiplicateur. Le CNES souligne que la situation dans laquelle est confinée le secteur industriel depuis de nombreuses années “nuance le degré de satisfecit que l'on pourrait attribuer au niveau de croissance enregistrée, considérée comme suffisante pour une reprise de l'emploi”. Le secteur industriel, constate-t-on, occupe une part de plus en plus faible dans la valeur ajoutée globale (près de 9% en 2002 contre 8% en 2003. Elle était de 18% en 1996). De plus, ce secteur se caractérise, note le CNES, par l'absence d'une politique industrielle basée sur une vision de moyen à long terme, un niveau d'investissement insignifiant dans le secteur public par rapport aux inévitables renouvellements, modernisation et mise à niveau des équipements et des installations et enfin l'aggravation du handicap de l'entreprise algérienne à faire sa mue en vue d'affronter les échéances qui se rapprochent pour ce qui est de l'adhésion à l'OMC et la mise en œuvre des dispositions contenues dans l'accord d'association. Le CNES soutient encore une fois que le secteur industriel public évolue toujours dans un contexte de dégradation avancée. “Malgré la volonté, maintes fois affirmée par les pouvoirs publics de créer les conditions de leur redynamisation, en levant les contraintes, tant au plan financier qu'au plan de la mise à niveau, les entreprises publiques dans leur majorité se trouvent en situation de déséquilibre avancé”, note le rapport du CNES. Le taux d'utilisation des capacités de production est toujours situé à un niveau qui dépasse rarement 50%. Même le secteur privé n'a enregistré qu'une croissance de 5%, connaissant ainsi un ralentissement de ses activités par rapport à la période entre 1995 à 2000 durant laquelle sa croissance se situait entre 8% et 10%. Le CNES pense que cette situation est paradoxale dans la mesure où durant cette même période, le nombre de PME/PMI privées a été multiplié de façon notable (+5% entre 2002 et 2003) et devrait donner logiquement lieu à un accroissement de la production. Selon le rapport, l'atteinte du rythme de croisière des entreprises privées ou l'expansion du secteur informel n'explique pas nécessairement les contre-performances au cours de 2003, d'autant que l'information statistique concernant ce secteur est très insuffisante. M. R.