Les réformes engagées ne sont toujours pas perceptibles. Encore une fois, le constat fait par le Cnes sur la conjoncture économique et sociale du premier semestre 2002 n'est pas meilleur que celui des années précédentes. Les résultats de l'enquête menée par les membres du Cnes sur nombre de secteurs économiques, sociaux, et autres, restent «en deçà des prévisions établies par les pouvoirs publics et en profond décalage par rapport aux attentes des citoyens», lit-on dans le rapport du Conseil, rendu public dernièrement. En dépit d'une embellie financière considérable qui est mise en exergue (21 milliards de dollars à la fin juin 2002, contre 17,9 milliards de dollars fin de décembre 2001), les indicateurs sociaux et économiques tardent réellement à se faire voir. Les réformes engagées en vue de faire face aux défis de la mondialisation ne sont toujours pas perceptibles, à cause de plusieurs blocages dont le Cnes fait part. Il s'agit, entre autres, de l'incohérence du programme de privatisation sur le plan de la démarche et de la mise en oeuvre opérationnelle, de même que la «mollesse» du consensus social. Dans le secteur de l'industrie, les résultats enregistrés montrent on ne peut mieux «le marasme dans lequel se trouve l'entreprise publique du fait du décalage entre les exigences d'une économie de marché et la réalité du terrain». L'indice de production du secteur public ayant régressé de -6,3 % par rapport à la même période de la même année. Quant au secteur privé, un taux de croissance a été enregistré «en raison du ralentissement des investissements», explique-t-on. Dans le secteur de l'agriculture, la situation est loin d'être meilleure, surtout avec les conditions climatiques très défavorables enregistrées. Les statistiques reflètent parfaitement la fragilité de ce secteur stratégique. La production céréalière ayant baissé de 25 %, avec une récolte prévue de 20 millions de quintaux à la fin 2002, contre 26 millions de quintaux en 2001. Le Pnda (Plan national de la relance agricole), lancé depuis deux ans déjà tarde à porter ses fruits. L'autre grande réforme attendue étant celle du secteur financier et bancaire. Ce dernier étant complètement «déconnecté de la sphère économique», du fait de l'archaïsme de son organisation et de ses moyens d'intervention par rapport aux standards internationaux. «Son faible engagement dans la sphère productive pèse lourd sur les conditions de la relance», explique-t-on, sans omettre de souligner le problème du statut des banques publiques qui n'arrivent pas à faire face à leurs obligations sociales. Quant au secteur de l'habitat, qui constitue à lui seul une des crises les plus complexes et les plus insurmontables en Algérie, il faut dire que les derniers projets lancés dernièrement dans le social, le participatif, APC/Cnep...n'ont en rien atténué la pression (les projets de l'Aadl étant toujours en chantier). Durant ce semestre, le secteur a livré 28.786 logements urbains, dont 17.602 sociaux-locatifs, 7251 aidés, 1398 d'astreinte et 2.535 promotionnels. Selon le rapport du Cnes, ces chiffres traduisent un recul important (-13,5 %) par rapport au premier semestre 2001. Ce sont toutes ces donnes, négatives pour la plupart, qui se sont répercutées sur la situation sociale. Appauvrissement de la population, baisse du pouvoir d'achat, chômage (27,30 %), contestation populaire, grèves dans plusieurs secteurs (avec un accroissement de 65 % par rapport au premier semestre 2001)...sont autant d'indices préoccupants d'une situation très tendue et qui reflètent, on ne peut mieux, le désarroi des Algériens. Lors de sa 21e session plénière qui se tiendra les 15 et 16 décembre au Palais des nations, le Cnes présentera, comme de coutume, ses recommandations dans l'espoir de les voir prises en considération pour éviter de tels constats dans l'avenir.