La commission ad hoc sur les disparus doit remettre son rapport au chef de l'Etat dans un délai maximum de neuf mois. Selon Me Ksentini, premier responsable de cette instance et également président de la Commission nationale consultative de la défense et de la promotion des droits de l'Homme (Cncdpdh), des progrès ont été réalisés dans le traitement de ce dossier. “On fait un tour de table complet”, précise l'avocat. Les consultations entamées avec de nombreuses personnalités — dont Redha Malek, ex-chef du gouvernement et président de l'ANR et Louisa Hanoune, porte-parole du PT — ont été élargies dernièrement aux membres du gouvernement. Outre le ministre de la Justice, son collègue de l'Intérieur a rencontré Me Ksentini, il y a une dizaine de jours. De quoi les deux hommes ont-ils discuté ? Le président de la commission des disparus préfère consigner les informations qu'il a obtenues de la part de Zerhouni dans le rapport final. Ces derniers jours, il a été destinataire de renseignements d'une autre nature sur l'existence de charniers aux environs de Bougara. Par l'intermédiaire de l'association Soumoud des victimes enlevées par les terroristes, il a reçu dans son bureau un repenti qui lui a dévoilé l'emplacement des fameuses fosses. Mais aussitôt, une autre association — SOS disparus — est montée au créneau pour dénoncer le dévoiement de ces revendications. SOS disparus considère que les enlèvements sont du seul fait des services de sécurité. “Nous traitons les deux catégories”, souligne pour sa part Me Ksentini. Pour les besoins des investigations menées par les membres de sa commission, il entend également s'entretenir avec d'autres associations de défense des droits de l'Homme. Ouvert à la fin des années 1990, le dossier des disparus est toujours en suspens. À ce jour, aucune enquête sérieuse n'a permis de situer les responsabilités ou de retrouver les traces des personnes arrachées à leurs familles. Personne n'est capable de dire si elles sont vivantes ou mortes. Des bureaux implantés dans les différentes wilayas du pays, à l'automne 1998, devaient transmettre les plaintes des familles au ministère de l'Intérieur qui, à son tour, était chargé d'ouvrir une enquête. Mais ses conclusions restent inconnues. En désespoir de cause, des parents de disparus se rassemblent régulièrement devant le siège de la Cncdpdh au carrefour Adis-Abbeba à Alger afin de réclamer la vérité sur le sort de leurs enfants. C'est à l'automne dernier que le président Bouteflika a mis sur pied la commission ad hoc. L'association SOS disparus comptabilise 7 200 cas. Le ministère de l'Intérieur détient, quant à lui, 4 325 dossiers. Au début de son premier mandant, le chef de l'Etat avait même parlé d'une dizaine de milliers. S. L.