Le sort du legs de paix de James Baker a été au centre des débats du colloque de San Sebastian. En effet, les participants se sont interrogés sur le devenir du plan de paix concocté par l'ancien secrétaire d'Etat américain pour le règlement de la question sahraouie. Le représentant permanent du Polisario aux Nations unies, M. Mohammed Boukhari, a expliqué que la Rasd regrette le départ de Baker qui a fini par comprendre que, finalement, le règlement du dossier sahraoui passe impérativement par la mise en œuvre d'un processus de paix fondé sur le principe d'autodétermination. “La démission de Baker est une protestation contre les atermoiements de Rabat.” Le conférencier a soutenu encore que le plan Baker n'est pas une solution idéale, mais un processus qui ouvre de nouvelles perspectives pour la région. Interrogé par Liberté sur les commentaires de Rabat au lendemain du départ de l'ex-chef de la diplomatie américaine, le représentant de la Rasd á l'ONU a clairement signifié que le ministre des Affaires étrangères marocain fait dans la surenchère. “Pour les Nations unies, il y a deux parties concernées par le conflit, la Rasd et le Maroc. L'Algérie et la Mauritanie sont des Etats observateurs du processus de paix”, a-t-il affirmé. Et de poursuivre : “Les déclarations marocaines interviennent pour influer sur la position d'Alger. Mais l'Algérie est connue par sa fidélité à ses principes et notamment le droit à l'autodétermination.” Revenant sur les manœuvres de Rabat, M. Boukhari estime que “le Maroc reste une source d'instabilité pour la région du Maghreb. Le Maroc est le symbole de la méfiance”. À la question liée au successeur de Baker, le diplomate sahraouie n'a pas caché ses craintes de voir les efforts déployés par Baker durant sept ans s'évaporer du jour au lendemain. Pour étayer son argumentaire, le représentant sahraoui à l'ONU a rappelé les positions et les tergiversations du royaume alaouite. “Notre préoccupation majeure est de nommer un autre Américain à la place de James Baker. Parce que le nouvel envoyé spécial intérimaire, le Péruvien Alvaro de Soto, ne sera pas entendu, encore moins respecté par les Marocains. C' est ainsi que nous demandons la nomination carrément d'un autre Américain. Aussi, Kofi Anane doit-il assumer personnellement la prochaine étape du processus de paix d'une manière directe”, s'est-il encore confié. Pour rappel, le Péruvien a été nommé depuis une année et demie en tant que représentant spécial de Anane avec résidence à Layoune, parallèlement à James Baker. Pour M. Boukhari, le nouvel envoyé spécial n'a pas besoin d'ouvrir de nouvelles négociations, puisque le Polisario n'acceptera jamais d'autres rounds de négociations. “Il y a déjà un plan de paix en cours et adopté par le Conseil de sécurité. Nous demandons seulement à la communauté internationale d'exercer des pressions sur le régime marocain pour mettre sur les rails le processus de paix et organiser le référendum d'autodétermination.” La réussite du plan Baker reste tributaire de la position de Paris qui, dit-il, reste, jusqu'à preuve du contraire, un obstacle pour l'organisation du référendum. La France doit corriger sa vision pour la région du Maghreb, puisque le centre de gravité n'est plus le Maroc. R. H.