Indépendamment de la formation politique qui détient les rênes du pouvoir au palais présidentiel de la Moncloa (Madrid), les Espagnols ne sont pas indifférents à la question de la décolonisation du Sahara occidental. Les ibériques, d'origine catalane ou basque ou encore galicienne, demeurent fidèles à leur principe de solidarité. Cette fois, ce sont les basques qui prennent l'initiative d'organiser une rencontre d'information et de sensibilisation autour de la plus vieille question de colonisation, oubliée dans les tiroirs des Nations unies. La ville basque San Sebastian a abrité, pendant deux jours, jeudi et vendredi derniers, une conférence intitulée “Les institutions et les villes jumelles et solidaires avec le peuple sahraoui”. Il s'agit, en fait, d'un colloque qui a regroupé quelque 200 représentants (maires et conseillers municipaux) de villes espagnoles jumelles avec les sahraouis pour discuter de la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés, des réfugiés dans les camps ainsi que du plan de paix au lendemain de la démission de James Baker. Les travaux de ce colloque ont été ouverts par le maire de la ville San Sebastian, en présence du ministre des Affaires sociales, du gouvernement régional basque ainsi que du premier ministre de la Rasd et des ministres sahraouis. Les intervenants espagnols, qui se sont succédé à la tribune officielle, ont insisté pour que la question sahraouie, 29 ans après le départ de l'ancienne puissance administrant les territoires occupés, demeure toujours un problème de décolonisation. La solution réside dans l'application des résolutions onusiennes, notamment la 1541, adoptée le mois de juillet 2003 par le conseil de sécurité et qui préconise l'application du plan Baker fondé sur le principe de l'autodétermination. Le maire de la ville hôte n'y est pas allé par quatre chemins pour pointer un doigt accusateur en direction de Rabat qui continue à tergiverser, sinon à récuser les décisions onusiennes de paix. Le représentant du gouvernement basque a, pour sa part, insisté sur l'accélération et l'application du processus de paix de Baker, tout en dénonçant les entraves de Rabat. Comme il n'a pas manqué de lancer un appel pressant à l'actuel locataire du palais Moncloa, Rodriguez Zapatero, pour trouver une issue pacifique et politique à la question sahraouie. Au plan de l'aide, le ministre des Affaires sociales basque a rappelé que le gouvernement régional dégage plus de 1 million d'euros pour le peuple sahraoui. Le premier ministre sahraoui a rendu de son côté un vibrant hommage au peuple basque et espagnol, qui a toujours été aux côtés du peuple sahraoui, ainsi qu'à la fédération espagnole des villes jumelles et solidaires avec les sahraouis. Au passage, le chef du gouvernement de la Rasd a réitéré ses hommages à l'Algérie, qui est restée fidèle à ses principes politiques. La démission de James Baker de son poste d'envoyé spécial de l'ONU s'est taillée une place non négligeable dans les débats du colloque. R. H.