Le retrait de l'ancien secrétaire d'Etat américain de son poste d'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental relance avec acuité la question de la décolonisation de l'ex-colonie espagnole et de son règlement par l'ONU. Vendredi, le porte-parole des Nations unies a annoncé la démission de James Baker, sans expliciter les raisons d'une telle décision. Dans un communiqué daté du 11 juin dernier, le Centre des nouvelles de l'ONU a rappelé, de façon succincte, la mission confiée à M. Baker. Il est ainsi relevé la disponibilité affichée depuis mars 1997 par le diplomate américain aux côtés de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). James Baker a, selon cette source, tenté d'aider les différentes parties en conflit à trouver “une solution politique” au dossier sahraoui. Une solution contrôlée par l'ONU, qui s'est traduite, l'an dernier, par un plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, qualifié par le Conseil de sécurité de “solution politique optimale reposant sur un accord entre les deux parties”, le Maroc et le Front Polisario, et donnant à M. Baker “la responsabilité d'organiser un référendum”. Le même communiqué a également reconnu que ledit plan a été rejeté au mois d'avril par le Maroc, demeuré favorable à la seule “autonomie limitée” au Sahara occidental. Comment faut-il interpréter la démission de l'ancien secrétaire d'Etat, alors que ce dernier s'était engagé, dès le départ, à trouver un dénouement heureux à la question sahraouie ? Il est difficile de se prononcer, pour l'instant, sur une démarche qui est contradictoire par rapport à la personnalité de James Baker, réputé être un homme déterminé qui n'a pas l'habitude d'abandonner ses responsabilités en cours de route. À moins bien sûr que sa démission réponde à un tel objectif. Mais, là aussi, les informations font encore défaut. On retiendra, néanmoins, que son retrait de la scène maroco-sahraouie coïncide avec le désir de l'Espagne, ancienne puissance administrante au Sahara occidental ayant réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, d'apporter sa contribution dans le règlement du conflit. Pour certains observateurs, le gouvernement socialiste espagnol, étant proche de l'Elysée, pourrait, pour des raisons d'intérêt, renoncer à ses engagements, comme cela a été le cas en novembre 1975, à travers la signature des accords tripartites de Madrid. La démission de M. Baker donne lieu à deux grands scénarios. Le premier comprendrait la nomination d'un nouvel envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, qui serait chargé de poursuivre la mission confiée précédemment à James Baker. Dans un tel cas de figure, les Nations unies n'auraient pas changé de stratégie, décidées alors à achever leur travail de décolonisation dans le territoire non autonome du Sahara occidental. Dans le second scénario, l'ONU trouverait prétexte pour se décharger d'un dossier qui l'encombre depuis les années 1960, refusant de jouer son rôle et d'exercer des pressions sur le Maroc, reconnu officiellement comme la partie qui bloque le processus de paix. Dans ce cas, les Nations unies laisseraient le champ libre à Madrid et à son fameux “grand accord”, qui ne semble point réconforter la partie sahraouie. Né le 28 avril 1930 à Houston, aux Etats-Unis, James Addison Baker III est titulaire d'un diplôme de droit à l'université du Texas. En 1975, il est nommé sous-secrétaire au Commerce dans l'administration Ford. De 1981 à 1984, il devient chef de cabinet du président Reagan à la Maison-Blanche, puis directeur de campagne pour sa réélection. De 1986 à 1989, il occupe le poste de secrétaire d'Etat du second mandat Reagan. Il sera par la suite directeur de campagne du candidat George H. Bush senior, avant de devenir, après la victoire électorale de ce dernier, chef de cabinet de la Maison-Blanche. L'ancien secrétaire d'Etat revient une nouvelle fois à un moment déterminant de la carrière de George W. Bush. James Baker le sauve de la faillite en 1981, puis gère sa fortune à la tête du groupe pétrolier Carlyle. Il s'oppose plus tard, lors de la présidentielle de 2000, au décompte manuel des voix, permettant ainsi à la Cour suprême américaine de désigner George W. Bush junior, à la présidence des Etats-Unis. H. A.