“Non, on n'a pas oublié, on n'oubliera jamais ; nous devons entretenir la mémoire pour construire l'avenir.” C'est le serment fait hier à Tadmaït, wilaya de Tizi Ouzou, à l'occasion du dixième anniversaire de la mort de deux militants, Meziane Mohamed et Chabane Rabah, qui ont péri, lors de la marche du Mouvement pour la République (MPR), le 29 juin 1994, à Alger. Ils étaient en tous cas nombreux, hier, à Tadmaït, à prendre part à la cérémonie de recueillement à la mémoire des deux martyrs, organisée par le RCD. Les militants et les amis étaient donc là à se rappeler de douloureux souvenirs qui ont marqué le pays. La cérémonie a été rehaussée par la présence du président du RCD, le Dr Saïd Sadi. Outre l'exposition en plein air dans le jardin de l'ex-camp du maréchal Randon, les organisateurs ont, après avoir organisé une marche dans l'artère principale de la ville, déposé des gerbes de fleurs sur les tombes des deux victimes. Image saisissante s'il en est, la mère de Meziane Mohamed a tenu à assister à la cérémonie alors qu'elle a un bras dans le plâtre. À midi, les présents ont été conviés à un succulent repas à la traditionnelle, à la Maison de jeunes de la ville. Pour rappel, les deux victimes avaient trouvé la mort lors de la marche du MPR, le 29 juin1994, à Alger. La marche avait été organisée pour exiger la vérité sur l'assassinat du président Boudiaf deux ans plus tôt. La manifestation à laquelle avait pris part Sadi et Matoub, avait fait l'objet d'un attentat à la bombe. Des dizaines de blessés avaient été enregistrés parmi les marcheurs. Si Chabane Rabah âgé alors de 47 ans, avait trouvé la mort sur le coup, son ami Meziane Mohamed, 30 ans, avait été évacué en France, où il a succombé à ses blessures deux jours plus tard. Dix ans après la bombe contre la marche du MPR, une structure a été mise en place par Saïd Sadi, lors des états généraux des Patriotes républicains en novembre 1993, la vérité n'a toujours pas éclaté. Le souvenir est, en revanche, vivace. C'est lui qui, contre l'oubli, entretient la mémoire. Non, Tadmaït n'a pas oublié ! Y. A.