Le secrétaire général du RND et chef du gouvernement ne s'est pas montré, hier, particulièrement tendre avec la presse, à laquelle il a reproché le manque de professionnalisme. “Je suis très fier de la presse de mon pays. Cela ne m'empêche pas de parler de ses insuffisances, ni de dire qu'elle a beaucoup de chemin à faire”, a déclaré Ahmed Ouyahia, hier, dans d'une conférence de presse tenue à l'issue du conseil national du RND. Il a réfuté, néanmoins, une propension des pouvoirs publics à focaliser ses préoccupations sur le secteur, particulièrement après l'élection présidentielle. Il a avancé, comme argument, le fait que la majorité des poursuites pour diffamation, engagées par les autorités, relèvent d'anciennes affaires. Le cas du directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, en détention depuis presqu'un mois, n'est pas à classer parmi les délits de presse, selon le secrétaire général du RND. “Tout le monde sait sur quoi a délibéré le tribunal d'El-Harrach sur l'affaire dont vous parlez. Ce n'est pas sur un délit de presse”, a-t-il soutenu. Et d'ajouter : “nul n'est au-dessus de la loi.” Encore moins les journalistes, fallait-il certainement comprendre. Sur un ton qui n'admet pas l'équivoque, il a déclaré : “les journalistes sont libres d'écrire ce qu'ils veulent, mais ils doivent assumer chaque virgule de leurs écrits. Les lois existent, par ailleurs”. En termes plus clairs, les pouvoirs publics continueront à sévir contre ce qu'ils considéreront comme des écrits diffamatoires, insultants ou mensongers. Aguerri, en toute vraisemblance, par l'expérience de la presse écrite privée, l'état souhaite préserver, aussi longtemps que possible, le monopole sur les médias lourds. “Il n'y aura pas, pour le moment, d'ouverture du secteur audiovisuel au privé”, a confirmé Ahmed Ouyahia. Il a expliqué que le privé ne peut pas, de toute manière, consentir un investissement aussi lourd. “Si les règles économiques sont réellement appliquées, à peine un cinquième des quotidiens, paraissant actuellement, survivrait”. Par ailleurs, concernant la question de l'interdiction d'importation de boissons alcoolisées, M. Ahmed Ouyahia, a déclaré que cet article rétrograde sera annulé. Evoquant le dernier round de négociation avec l'OMC, il dira : “L'Algérie n'a pas été déboutée.” Il a apporté, pour preuve, l'amorce du processus de conclusion des accords bilatéraux, en octobre prochain. Il a voulu mettre ainsi fin aux spéculations qui parlent de blocage des négociations entre l'Algérie et l'Organisation mondiale du commerce à cause de l'interdiction d'importation des boissons alcoolisées, contenue dans un article de la loi de finances pour 2004. “Cet article n'a rien à voir avec l'OMC, car cette organisation établit des normes propres à chaque pays”, a-t-il insisté tout en spécifiant que la fameuse disposition, qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive, sera annulée. Il a indiqué que la Constitution recèle de nombreux articles permettant la suppression de cet article. “Au RND, nous nous battrons pour faire tomber cet article rétrograde et sans effet”. Pourtant, c'est grâce aux sénateurs du Rassemblement, majoritaires au Conseil de la nation, que l'amendement du parti islamiste El Islah a été définitivement adopté, alors que les députés de la même formation politique ont voté contre lors de son passage à l'APN. Ahmed Ouyahia a reconnu que le RND a participé à une démarche consistant à déjouer les plans machiavéliques d'El Islah. “Le chef de cette formation politique pensait trouver, en proposant cet amendement, un cheval qui court vite. Nous lui avons démontré que son pétard était mouillé”. Le chef du Rassemblement a rapporté qu'une logique similaire a prévalu lors de la présentation, par El Islah, d'une proposition de révision de la loi électorale. “Ce parti a proposé la révision de la loi électorale pour que le pouvoir la rejette. Il aurait pris alors l'opinion publique à témoin”. Il a déploré, à l'occasion, l'utilisation de l'institution parlementaire à des fins politiques. “L'opposition gagnerait à faire mieux et plus sérieux”, a-t-il conseillé. Sa recommandation devrait s'étendre à l'ensemble des partis politiques, qui oublient souvent que le Parlement a d'autres missions que celle de servir leurs desseins politiciens. S. H.