L'explication de l'absence paraît difficile à comprendre dans un pays où les vacances des hauts cadres sont soumises à de drastiques restrictions. Absence fort remarquée hier après-midi à l'aéroport d'Alger, à l'arrivée de la ministre française de la Défense. Le chef d'état-major, le général de corps d'armée, Mohamed Lamari, ne faisait pas partie de la délégation, qui a accueilli Mme Michèle Alliot-Marie, conduite par le ministre de l'Intérieur. Aux côtés de Nourredine Zerhouni se trouvaient quatre officiers supérieurs. Il s'agit du général major, Gaïd Salah, commandant des forces terrestres, du général major, Mohamed Bouslimani, commandant des forces aériennes, du général major, Laoudi Achour, commandant de la défense aérienne du territoire, et du général Mohamed Tahar Yala, commandant des forces navales. Des sources informées ont assuré que l'absence du chef d'état-major se poursuivra durant la visite de la ministre française. En sa qualité de chef d'état-major de l'ANP, Mohamed Lamari est pourtant un habitué des négociations avec les partenaires étrangers et s'est forgé dans le domaine une grande expérience grâce aux multiples missions qui l'ont conduit, ces dernières années, dans plusieurs pays. Sur les raisons de cette absence, les mêmes sources ont indiqué que le chef d'état-major de l'armée est “malade” et se trouve “en Espagne pour des soins”. Elles n'ont pas précisé la nature de la maladie dont souffrirait celui qui a incarné, durant ces dernières années, l'image de l'armée. Interrogé par le quotidien français Le Monde au sujet de cette absence, le ministère de la Défense a répondu que Mohamed Lamari “est en vacances”. Le journal croit savoir que l'intérim du chef d'état-major est assuré par le commandant des forces terrestres, Gaïd Salah, présent hier à l'accueil de la ministre française de la Défense. Reste que l'explication de l'absence paraît difficile à comprendre dans un pays où les vacances des hauts cadres de l'Etat sont soumises à de drastiques restrictions. Encore plus pour les dirigeants de l'armée qui sont directement concernés par le régime de l'état d'urgence auquel est soumis le pays depuis plus de 12 ans. Si le motif de la maladie peut paraître plausible, celui des vacances ne l'est donc pas au regard de l'importance de l'hôte que l'Algérie reçoit. Mme Alliot-Marie est certes reçue par le président de la République qui est aussi le ministre de la Défense. On imagine pourtant mal le chef d'état-major se soustraire à un tel rendez-vous. Lors de la commémoration de l'indépendance, le 5 Juillet, c'est lui-même qui avait accueilli le chef de l'Etat aux Tagarins pour la cérémonie des promotions qui n'a pas donné lieu à de nouvelles nominations. Son absence est-elle le signe de changements ultérieurs au sein du commandement de l'ANP ? En tout cas, des sources informées à Alger n'écartent pas une “certaine fraîcheur” dans les relations entre Abdelaziz Bouteflika et Mohamed Lamari considéré dans certains milieux politiques comme l'inspirateur de la candidature d'Ali Benflis à l'élection présidentielle du 8 avril dernier. Si le départ de Lamari, neuf ans après son arrivée à la tête de l'état-major, devait se confirmer, il risque d'être suivi par d'autres changements. Lamari avait été nommé dans ses dernières fonctions en juillet 1993 en remplacement d'Abdelmalek Guenaïzia. Y. K.