En matière d'encadrement, les besoins sont estimés à 20 000 enseignants. Plus de 200 000 nouveaux bacheliers viendront conforter, à la rentrée universitaire, une communauté estudiantine déjà forte de 647 371 inscrits. Dans quatre ans, un million d'étudiants est attendu sur les campus. Ce sont autant de places pédagogiques que les autorités doivent ouvrir afin d'absorber les effectifs de plus en plus nombreux. En matière d'encadrement, la dotation des établissements universitaires en enseignants constitue un autre souci majeur, de loin le plus important. Pour cause, si les pouvoirs publics se sont attelés à mettre à la disposition des grandes villes du pays — 38 au total — d'établissements de l'enseignement supérieur, elles sont encore incapables de les pourvoir en formateurs. Un bilan récent du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique fait ressortir un déficit de 20 000 enseignants sur un total 23 205 disponibles. Ce dernier chiffre est très en deçà des normes internationales. Le ratio moyen est estimé à un professeur pour 15 étudiants dans le monde. En Algérie, certaines salles de cours peuvent contenir jusqu'à 35 étudiants, notamment dans le Sud du pays. À l'origine de ce déficit, les inscriptions rares en post-graduation, mais surtout la fuite des cerveaux. En effet, sur plusieurs milliers de boursiers à l'étranger, moins de 5% ont réintégré le pays ces dernières années. Beaucoup d'instituts, d'écoles et de facultés se trouvent ainsi en manque de compétences. Les plus prestigieux en pâtissent. D'où le refoulement de nombreux nouveaux inscrits. En médecine ou en architecture, avoir un bac avec mention ne suffit plus. Le système des quotas, qui prévalait dans l'organisation de cet examen, est instauré à l'université. Dites saturées, les filières de prédilection des bacheliers affichent complet. Souvent, les lauréats sont contraints de revoir leurs ambitions à la baisse en optant pour des cursus moins prisés, dans le cycle court notamment. Le parcours du combattant ne s'arrête pas là. Une fois les formalités d'inscription accomplies, nombreux bacheliers doivent dénicher un toit. Comme les campus, les résidences universitaires sont au bord de l'explosion. La gestion de ces infrastructures par un office public fait ressortir des défaillances et des carences budgétaires insurmontables. S. L.