Une poignée de parlementaires républicains, proches du Pentagone, a bloqué samedi un ambitieux projet de réforme du renseignement, soutenu par une vaste majorité du Congrès et le président George W. Bush, qui visait à mieux protéger les Etats-Unis contre le terrorisme. Le président de la Chambre des représentants, le républicain Dennis Hastert, a été contraint de retirer le texte quelques minutes avant qu'il ne soit soumis au vote face à l'opposition de quelques élus du parti de M. Bush. Débattu depuis juillet, ce projet de réforme des services du renseignement, le plus vaste depuis 50 ans, aurait été probablement adopté par le Congrès dans la soirée puisqu'il avait reçu le soutien d'une majorité des élus républicains et des démocrates. Il prévoyait notamment de créer un poste de “directeur du renseignement national” (NID), censé avoir la haute main sur les 15 agences du secteur, comme l'a recommandé la commission d'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001. La fronde a été menée par Duncan Hunter, le puissant président de la commission des forces armées de la Chambre et proche du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, et par Jim Sensenbrenner, président de la commission judiciaire. Le Pentagone avait émis de fortes réserves sur le bien-fondé de cette réforme alors qu'il contrôle environ 80% du budget du renseignement, évalué à une quarantaine de milliards de dollars par an. La réforme prévoyait de confier au NID une autorité budgétaire étendue. Le président Bush, au Chili pour le sommet des pays d'Asie et du pacifique (Apec) et son vice-président Dick Cheney avaient appelé plusieurs de ces parlementaires samedi pour tenter de sauver le projet, a indiqué la sénatrice républicaine modérée Suzan Collins. Mme Collins a qualifié d'“étonnantes” les réserves émises dans le camp républicain, étant donné la récente réélection triomphale du président Bush. Les démocrates ont fait écho à ces critiques. “Malgré le soutien du président Bush, de la commission du 11 septembre et de 96 sénateurs (sur 100), une petite cabale de républicains a réussi habilement à envoyer aux oubliettes la plus importante réforme du renseignement depuis une génération”, a déploré le sénateur John Rockefeller, numéro deux de la commission du renseignement. R.I.A.