La hausse du taux de réussite au baccalauréat est “le couronnement d'une série de mesures et de dispositions initiées depuis cinq ans pour améliorer le rendement du système éducatif”. Cinq ans. 1999-2004. Pas un an de plus, pas un an de moins. Les “mesures et dispositions” prises au cours des cinq glorieuses n'ont pas eu d'effets progressifs et cumulatifs : jusqu'ici, les avancées, quand il y en a eu, étaient modérées. Mais en 2004, tous les bienfaits d'un quinquennat des améliorations invisibles — si l'on exclut l'interdiction du rachat qui, elle, ne date pas de cinq ans — se sont subitement manifestés dans une espèce de synergie instantanée de “mesures et dispositions” dont l'avènement est étalé sur cinq ans. Ou, si vous voulez, sur un mandat. Le chef de cabinet de Benbouzid, dont le ministre préside à l'éducation des petits Algériens depuis une douzaine d'années, presque sans discontinuer, a soigneusement choisi le taux de réussite de 1998 pour mesurer le progrès réalisé. Scandaleux ! À peine la moitié du nombre de reçus de cette année-ci. Pourtant, Benbouzid tenait le portefeuille de l'Education depuis quelque sept ans déjà. Mais il est vrai que Bouteflika, jusqu'en 1998, n'était pas président de l'Algérie. Espérant que, de la même manière qu'il partage le triomphalisme quantitatif du régime actuel, comme au bon vieux temps, des “industries industrialisantes”, le ministre partage les échecs insinués des régimes précédents et dont il a fait partie. À part cela, le taux de réussite au bac n'est pas politique. D'ailleurs, les années qui suivirent le fiasco de 1998 et que Khaldi nous a soigneusement rappelé, de 1999 à 2003, les améliorations ne furent pas spectaculaires. Un peu comme si le progrès était en incubation en attendant le début du second mandat. Pourtant, il n'y a pas de réforme de l'éducation nationale comme tente de le suggérer la formule de “mesures et dispositions”. Le message subliminal selon lequel le pourcentage de reçus devrait renvoyer à quelque notable action gouvernementale sur le secteur ne se justifie point. L'unique mesure contre les rachats, dans le passage d'une classe à l'autre comme dans les résultats du baccalauréat aurait dû avoir le double résultat : réduire l'augmentation du nombre d'élèves de terminale et donc du nombre d'inscrits, d'une part, et réduire le pourcentage de réussite, faute de moyennes insuffisantes, mais arrondies à 10, d'autre part. Mais que voulez-vous ? Selon le chef du cabinet du ministère de l'Education nationale, même la grève qui, deux mois durant, a paralysé l'enseignement secondaire aurait contribué à l'amélioration du rendement de nos lycées. Elle a eu “un effet incitatif”, a-t-il dit. Une bonne nouvelle dans tout cela : les jeunes filles constituent près des deux tiers des bacheliers du cru 2004. Peut-être verra-t-on, dans cinq ans, les effets cumulés de l'effort féminin. Peut-être verra-t-on l'Etat se conformer dans la structure du personnel dirigeant à cette réalité. M. H.