Les catastrophes se suivent et se ressemblent. Plusieurs régions du pays ont fait face, ce week-end, à des inondations causant des pertes en vies humaines dans certaines localités comme c'est le cas à Béjaïa et à Boumerdès. D'importants dégâts matériels sont enregistrés, et la situation, notamment le rétablissement de la circulation routière, est loin d'être maîtrisée sur le terrain. Les interventions et les secours se font dans la confusion, la précipitation et la désorganisation totale, en l'absence d'un véritable plan orsec. Ce dernier n'existe que sur papier en Algérie, alors que sous d'autres cieux, ce plan a une assise réglementaire et juridique ainsi que des prolongements institutionnels. Le plan orsec prend en charge trois volets relatifs à des situations catastrophiques, à savoir l'alerte, la prévention et l'intervention. Ces volets sont négligés ou carrément inexistants dans les schémas tracés par les différents gouvernements qui se sont succédé. Il est important de signaler que le dispositif général d'organisation des secours est régi par deux textes qui remontent à l'année 1985. Il s'agit des décrets n°85-231 et 85-232 promulgués le 25 août 1985. Le premier fixe les conditions et les modalités d'organisation et de mise en œuvre des interventions et des secours en cas de catastrophe, tandis que le second est relatif à la prévention des risques. Ces décrets sont aujourd'hui dépassés et nécessitent une réactualisation qui permettra la mise en place d'un système d'alerte, de prévention et d'intervention fiable et efficace en cas de catastrophe ou de sinistre quelles que soient sa forme et sa nature. La définition d'une manière claire des responsabilités de ceux qui doivent diriger les opérations de secours sur le terrain, les mécanismes de coordination entre les différents intervenants dans des situations exceptionnelles et la gestion des moyens à mettre en œuvre sont autant d'éléments qui doivent être pris en considération dans l'élaboration du plan orsec. Les attributions de chaque intervenant doivent être clairement cernées dans les nouveaux textes afin d'éviter tout chevauchement de prérogatives et tout cafouillage interdits sur les lieux du sinistre. La gestion de ce genre de situation ne permet ni bricolage ni hésitation, encore moins la fuite de responsabilité devant le drame. La prise en charge des victimes, l'acheminement de l'assistance et le dégagement des issues d'évacuation doivent figurer dans les textes qui régiront à l'avenir l'organisation du plan orsec. Ce dernier doit prendre en considération également l'élément inhérent au recensement des moyens à mettre en œuvre en cas de catastrophe, de même à sérier les établissements publics et privés qui seront réquisitionnés dans des situations exceptionnelles. L'urgence est, aujourd'hui, la mise en place d'une “sécurité civile” qui gérera, comme dans d'autres pays civilisés, ce genre de situation exceptionnelle. Autrement dit, la leçon de Bab El-Oued n'aura servi à rien, comme le furent celles qui l'ont précédées. M. A. O.