Les troubles dirigés contre les “apparatchiks” de l'Autorité se poursuivent à Gaza et menacent de s'étendre à des localités de Cisjordanie. Des groupes armés liés au Fatah de Yasser Arafat, les brigades des martyrs, continuent d'occuper les sièges des institutions de l'autorité palestinienne, exigeant l'assainissement des services de sécurité et des réformes politiques. Les manifestants, très montés contre les apparatchiks du pouvoir palestinien, n'arrivent toujours pas à obtenir le limogeage du chef de la sécurité, le général Moussa Arafat, cousin du dirigeant Yasser Arafat, récemment nommé chef du service de sécurité générale pour Gaza. Ce dernier, accusé de corruption et de concussion, avait inauguré sa nouvelle fonction en mettant au chômage des centaines d'éléments des services, sans que n'en soit connue la raison. En réalité, l'imposition de Moussa Arafat n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. Face à une situation qui n'arrête pas de régresser, des palestiniens ont fini par se retourner contre leurs dirigeants, y compris l'icône de leur résistance, Yasser Arafat. On a même l'impression de voir se dessiner une sorte d'intifadha contre l'immobilisme des autorités, accusées de s'intéresser plus au pouvoir qu'à la recherche de solutions à une situation intenable dans tous les domaines. Arafat a épuisé deux chefs de gouvernement, sans résultats. Il est vrai que lui-même n'à plus aucune marge de manœuvre du fait de sa condamnation à la réclusion par Sharon, mais ses détracteurs lui reprochent ses velléités de vouloir tout régenter. Qoreï, son second chef de gouvernement, est d'ailleurs démissionnaire, n'ayant pu obtenir de plus larges prérogatives pour répondre aux aspirations des palestiniens. Arafat est pour ainsi dire isolé. Il n'est soutenu que par le parlement, lequel, aux yeux, de la nouvelle génération ne représente que lui-même. Les manifestants de Gaza déclarent vouloir des réformes, que réclame le peuple palestinien et l'exclusion des corrompus, affirmant ne pas déposer leurs armes tant que Moussa Arafat ne sera pas démis. Il y a une semaine, les Brigades ont pris la tête de violentes manifestations contre la nomination de Moussa Arafat qui, selon elles, est le symbole de la corruption qui mine l'Autorité palestinienne. Des désordres sans précédent se sont produits depuis à Gaza et le mouvement risque de gagner la Cisjordanie, où il y a les mêmes ressentiments. Le feu s'est allumé à Bethléem où plusieurs centaines de personnes ont manifesté contre la corruption au sein de l'Autorité palestinienne. La situation de chaos, marquée surtout par des rapts, a conduit le Premier ministre Ahmad Qoreï à présenter le 17 juillet sa démission à Yasser Arafat, qui l'a refusée et l'a chargé de former un nouveau gouvernement pour surmonter la crise. Qoreï veut bien mais, cette fois, il exige plus de prérogatives, y compris en matière sécuritaire, le secteur stratégique qui a permis à Arafat de tenir bon en dépit de tous les complots, manœuvres et attentats dont il n'a cessé de faire l'objet. D. B.