La victoire d'une Seleçao expérimentale dans la Copa America 2004 de football, dimanche au Pérou, a confirmé que le Brésil pouvait puiser dans un réservoir de talents à la profondeur insondable. Débarquant avec une équipe bis, privée de la plupart de ses grands noms (Ronaldo Ronaldinho, Roberto Carlos, Kaka, Cafu…), le Brésil n'endossait pas pour une fois le costume de favori. C'était plutôt l'Argentine, battue en finale, qui remplissait cette fonction, car présentant une ossature plus conforme à celle qui dispute les qualifications pour le Mondial 2006. Le Brésil, en revanche, ne pouvait compter que sur un seul de ses champions du monde 2002, Klebersson. Profitant de l'absence des cadres, le sélectionneur Carlos Alberto Parreira s'est, du coup, servi de cette Copa comme d'une espèce de “laboratoire” devant déterminer s'il existait des alternatives aux vedettes. “Le plus important pour nous est de forger une base de joueurs qui disputera le Mondial 2010. Dans une compétition comme cette Copa se construit l'athlète qui gagnera les futures Coupes du monde”, a expliqué le sélectionneur avant la compétition, évacuant ainsi habilement l'enjeu du tournoi, et la pression qui va avec, vers le long terme. Plusieurs joueurs ont montré qu'ils avaient d'ores et déjà leur place dans la grande équipe du Brésil. Notamment, le stratège Alex et les attaquants Luis Fabiano et Adriano. C'est surtout ce dernier qui a pris une nouvelle dimension. Remuant, athlétique et très adroit, le canonnier de l'Inter Milan a martyrisé toutes les défenses pour finir meilleur buteur de la compétition (7 buts). Autre révélation : l'arrière droit Maicon. Transféré cet été à Monaco, il se pose en successeur naturel de Cafu. Au-delà de son talent créateur, la jeune classe a également fait preuve de caractère et d'un mental solide. Après une phase de poule sans éclat (victoires face au Chili (1-0) et Costa Rica (4-1), défaite devant le Paraguay (2-1) et une montée en puissance face au Mexique en quarts de finale (4-0), le Brésil a en effet dû s'arracher pour aller au bout du tournoi. D'abord, en demi-finale face à l'Uruguay, où il a dû revenir au score (1-1) avant de s'imposer aux tirs au but. Puis en finale, où il a fallu recoller à deux reprises (2-2 dans le temps additionnel) pour gagner le droit de remporter une nouvelle séance de penalties. Pour le reste, la Copa 2004 a permis aux quatre puissances traditionnelles du sous-continent d'asseoir leur suprématie. Le Mexique était annoncé comme le possible épouvantail de la compétition. Mais c'est bien le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et la Colombie qui se sont une nouvelle fois taillé la part du lion.