Les habitants de ce centre de transit ont manifesté, hier, leur colère contre la décision des autorités de les transférer dans des chalets situés à Aïn Taya. Les habitants de Diar El-Kef, appelé communément Carrière-Jobert, situé dans la commune de Oued Koriche, à Alger, se sont rassemblés, hier, en grand nombre et ont bloqué la circulation automobile au niveau du grand carrefour de cette zone. Un grand nombre de policiers assistés par les brigades de forces antiémeutes ont été dépêchés sur les lieux. Cent et une familles refusent de quitter les lieux pour aller vers des chalets qui leur sont affectés à Surcouf dans la commune de Aïn Taya. Ce site, constitué de huit blocs (de A à H), qui abrite actuellement plus de 700 familles, a été construit en 1959 comme centre de transit. Les familles y sont entassées dans des sortes de boxe de 12 m2 avec des toilettes collectives. Cette opération concerne 200 familles dont 68 sont relogées sur place dans le bloc “A”, récemment rénové après que ses occupants eurent été relogés dans des appartements dans la daïra de Draria et de Tixeraïne. “Personne n'aimerait rester dans ces lieux, mais de là à nous caser dans des chalets c'est pire. Ils vont nous laisser moisir pendant des années sur place”, relève un père de famille. On relève des mécontents même parmi les 68 familles qui considèrent que les appartements rénovés du bloc A sont très exigus. “Ce sont des F3 de 32 m2 alors que la norme est de 72 m2. C'est du n'importe quoi ! Pourquoi cette manière de faire et ce bâclage conjugué à du populisme qui ne feront que nous ramener sous peu au point zéro ?” remarque un habitant concerné par cette opération. Chacun y va de ses arguments pour protester contre cette manière de faire et la non-prise en charge sociale, alors qu'ils sont dans ce centre de transit pour la plupart depuis 1959. “Il y avait un bidonville qui s'était constitué depuis 4 ans au pied de ces blocs. Les occupants ont été tous relogés dans des appartements. Cela s'est fait à l'occasion de la visite du président français Chirac. Ils l'ont fait pour lui maquiller la réalité. C'est honteux”, se révolte un jeune. Par ailleurs, les habitants de Diar El-Kef affichent leur déception quant aux promesses non tenues faites lors de la campagne électorale par l'entourage du président de la République. “L'écrasante majorité des habitants de Diar El-Kef ont voté pour Bouteflika et nous avons fait campagne pour lui”, avoue un protestataire en brandissant la carte de membre de comité de soutien. Le wali délégué s'est déplacé sur les lieux pour essayer de trouver une solution à une population désorganisée, désespérée mais convaincue de la justesse de ses revendications. Pour ce responsable, cette opération entre dans la troisième phase de l'opération baptisée “Diar El-Kahf”. Elle consiste à rénover graduellement les blocs tout en attribuant, “dans la mesure du possible”, de nouveaux appartements. Quant au sérieux problème des contestataires, il rassure : “On leur dit que c'est une solution provisoire, pour nous permettre d'avancer dans nos travaux de rénovation. Nous allons attribuer à chaque famille des attestations pour qu'elles puissent après regagner le site si elles le souhaitent. On est condamné à trouver une solution.” M. B.