Les derniers développements, notamment la lettre de Abdelaziz Bouteflika à Kofi Annan, sont de nature à ramener les choses à la case départ entre les deux pays. En cherchant à forcer la main aux Algériens avec son initiative unilatérale de suppression du visa imposé à nos ressortissants et la pression exercée, avec la complicité de Paris et Madrid, pour impliquer l'Algérie dans le dossier sahraoui, Rabat n'a rien gagné au change. En effet, la réaction algérienne aura surpris plus d'un par sa fermeté. Désormais, le Maroc devra modifier sa stratégie d'approche pour régler ses différends avec l'Algérie. Ainsi, le royaume alaouite n'aura rien récolté de sa “campagne” visant à obliger l'Algérie, avec l'aide de la France, des Etats-Unis et de l'Espagne, à modifier sa politique régionale. Sur la question du Sahara occidental, le président Bouteflika a opposé, mardi, une fin de non-recevoir à toutes les tentatives de médiation. Plus résolu que jamais, le chef de l'Etat algérien a mis un terme à toutes les spéculations à travers la lettre qu'il a adressée au secrétaire général des Nations unies. Dans cette missive, il a considéré comme “un procédé purement dilatoire toute tentative d'inscrire le problème du Sahara occidental dans un contexte algéro-marocain”. Cette réaction au plus haut niveau de l'Etat algérien réduit à néant tout espoir de voir Alger changer sa position sur ce point. C'est dire que le Maroc est convié à se conformer aux résolutions onusiennes sur cette affaire. Bernardino Leon, le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, a conforté la position algérienne dans la même journée en déclarant à la radio Cadena Ser que son pays considère que le plan Baker continue à être utile pour le règlement du conflit du Sahara occidental. Il abonde ainsi dans le même sens que son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, qui avait affirmé la veille à Asilah (Maroc), lors de sa rencontre avec son homologue marocain, que l'Espagne continue à soutenir le plan Baker. Moratinos a été plus loin dans un entretien accordé à la chaîne de télévision marocaine M2, en déclarant que “le droit à l'autodétermination doit rester, mais dans le dialogue et dans le cadre de l'ONU”. Le chef de la diplomatie marocaine s'est également aligné sur la position algérienne en ajoutant qu'“on ne peut pas penser que le conflit du Sahara occidental va se résoudre avec un forcing international, il faut que les parties discutent et dialoguent dans le cadre de l'ONU”. Il a conclu en disant que “le temps est venu pour trouver une solution à ce conflit car tout le monde en souffre, et toutes les parties, dont le royaume du Maroc, veulent une solution définitive”. Clair, net et précis, Mohammed VI devra se tourner vers les Nations unies pour trouver une solution au problème sahraoui et non vers Alger. Quant à la question des frontières algéro-marocaines, l'Algérie ne se considère guère engagée par les décisions unilatérales du Maroc, parce qu'elles ont été prises sans consultation préalable entre les deux capitales. La tentative marocaine d'engranger des effets positifs à travers la suppression du visa pour les ressortissants algériens au détriment de l'Algérie aura donc échoué. À voir ces décisions unilatérales, on est tenté de croire que les nombreux contacts entre les responsables des deux pays n'ont pas servi à discuter ces points qui minent les relations bilatérales. Tout indique qu'entre Alger et Rabat l'entêtement a pris le dessus sur la raison. À chaque fois qu'une esquisse de règlement des différends se profile à l'horizon, elle est balayée d'un revers de main, renvoyant les deux parties à la case départ. K. A. Contacts téléphoniques entre Belkhadem et Moratinos M. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, a reçu mardi une communication téléphonique de son homologue espagnol, M. Miguel Angel Moratinos, au cours de laquelle ce dernier lui a assuré que son pays continue à soutenir le plan James Baker pour le règlement de la question du Sahara occidental.