Mais enfin, quelle malédiction semble poursuivre le stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou et, par là-même, s'abat, une fois de plus, sur un club qui n'a suscité pourtant que de la joie et de la fierté pour toute une région, tout un pays et qui, assurément, ne méritait pas une telle ingratitude et autant de mépris. Au lendemain des incidents regrettables qui ont suivi le match JSK-MCO et qui ont été condamnés massivement par les milieux sportifs et tous les supporters — mais les vrais — du club-phare de Kabylie, les Canaris étaient encore sous le choc. Au siège du club, c'était la désolation. Des débris de verre jonchaient le sol à travers tout le parking où de nombreux véhicules avaient été saccagés, la veille, par une horde d'excités qui n'ont sûrement rien à voir avec le sport. À l'entrée du complexe sportif du 1er-Novembre, de nombreux citoyens, l'air hagard, les traits tirés, étaient rassemblés tout autour du “fourgon-boxer” de la JSK, saccagé puis incendié la veille. “Ceux qui ont fait cette sale besogne n'ont rien à voir avec le sport. Pis encore, il veulent détruire ce qui reste encore cher pour tous les Kabyles : la JSK !”, lançait à la foule un supporter indigné. C'est qu'à Tizi Ouzou comme aux quatre coins de la Kabylie profonde, ce nouveau “coup de poignard” contre un symbole aussi sacré que la JSK aura fait mal, très mal à toute une population entièrement acquise au “Jumbo-Jet”. De leur côté, les joueurs n'avaient pas le cœur au… football, mais ils ont pris leur mal en patience pour se dégourdir les jambes et tenter de se remettre à l'ouvrage sous la direction de leur coach attitré, Jean-Yves Chay. Pour éviter la pression, ce dernier a préféré organiser, hier matin, une séance de décrassage, dans un terrain mitoyen à l'hôtel “Amraoua”. Les camarades de Zafour, avaient la mine tendue et n'arrivaient pas à comprendre toute cette haine, toute cette méchanceté, deux semaines à peine après le triomphe historique de Yaoundé. Au moment où Chay tentait de remettre la machine en marche et que “Guillou” le kiné, s'efforçait de faire face à une infirmerie de plus en plus fournie, Hakim Medane, le manager, et Hamid Sadmi, président de section, s'affairaient à préparer le déplacement par avion prévu ce mercredi vers Batna. Eux aussi, n'avaient pas le cœur à l'ouvrage, mais ils tentaient de faire face à la situation car ils n'ont guère le choix. “C'est difficile de travailler dans de telles conditions mais que pouvons-nous faire ? Où va la JSK ?”, se sont contentés de dire seulement avec un brin d'amertume, les deux anciens internationaux qui avaient connu une autre époque, celle où la JSK était pratiquement intouchable et adorée de tous. De son côté, le président Mohand Chérif Hannachi était particulièrement injoignable, hier, durant toute la matinée. Choqué et dépité, il ne s'est même pas présenté au siège du club. Aux dernières nouvelles, il est resté chez lui, visiblement marqué par tout ce cauchemar, lui qui avait pris le pari pourtant difficile de redomicilier la JSK à Tizi Ouzou après un long exil de près d'une année à Boumerdès où le manque à gagner fut considérable pour le club kabyle tant sur le plan sportif que financier. “C'était prémédité ! Ils veulent détruire le club !” s'était exclamé la veille le président de la JSK qui ne s'attendait certainement pas à un tel cauchemar le jour même où les “Canaris” fêtaient solennellement leur sixième “étoile” africaine. Toujours est-il que dans les lieux de travail, les rues et les cafés, les citoyens étaient encore indignés, hier, par ces mouvement de dérapages que la morale réprouve et que toute la Kabylie condamne. A qui profite le crime ? M. H. Le stade de Tizi Ouzou suspendu jusqu'à nouvel ordre Comme il fallait s'y attendre, le stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, qui a enregistré des incidents à la fin de la rencontre JSK-MCO, vient d'être suspendu jusqu'à nouvel ordre. C'est ce qu'avait décidé, hier, la Ligue nationale de football (LNF). Désormais, les Canaris sont contraints d'évoluer à huis clos sur un terrain neutre et ce, jusqu'à la fin de la saison. La LNF qui a tenu à condamner les actes de violence enregistrés au 1er-Novembre, pénalisant du coup la prestigieuse JSK, a indiqué que cette décision vient en application des nouvelles mesures déjà prises par la FAF à l'encontre de l'IRB Hadjout et l'US Biskra. Ainsi donc, la joie des supporters du club le plus titré du pays a été courte, du moment où le retour de la JSK dans son fief de prédilection n'a pas duré plus de deux mois. Rappelons qu'au cas où les clubs objets de pareilles sanctions récidivent, ils seront relégués en division inférieure. Déterminée à combattre le fléau de la violence dans nos stades, la LNF n'est pas restée sans réagir aux actes de hooliganisme commis par les supporters annabis, hier, à la fin du match CRB-USMAn. En effet, la Ligue a prononcé un avertissement à l'encontre de la direction des Tuniques rouges, car, dans le cas où ses supporters récidiveraient, le stade du 19-Mai d'Annaba abritera les matches de l'USMAn sans la présence du public. Cette sanction est applicable à chaque club évoluant hors de ses bases, dont les supporters seraient à l'origine des incidents. La Ligue nationale a décidé également la constitution d'une Commission de lutte et de prévention contre la violence dans les stades. Celle-ci devra travailler en étroite collaboration avec la DGSN et les comités de supporters des clubs, toutes divisions confondues. K. Y.