Le Premier ministre israélien Ariel Sharon vient de solliciter de nouveau le travailliste Shimon Peres qu'il invite à rejoindre son gouvernement. Peres se fait désirer, mais tout le monde sait qu'il piaffe d'impatience pour retourner sous les sunlights du pouvoir. En outre, Sharon n'aurait jamais pris le risque de mettre en péril son gouvernement s'il n'était pas assuré de la roue de secours travailliste. Shimon Peres a beau déclarer qu'il rejoint son rival du Likoud non pas pour des raisons politiciennes, mais parce que Sharon a décidé de se retirer des implantations juives de Gaza et de quelques colonies de la Cisjordanie, il reste que c'est sous les gouvernements travaillistes que le bourreau de Sabar et Chatila a fait ses classes. C'est Shimon Peres qui a sorti Sharon de la retraite et qui l'a même réhabilité après que l'armée, dont il était général, l'eut condamné pour ses méfaits dans les camps palestiniens de Beyrouth. Peres avait fait de Sharon son ministre de la Colonisation, avant de lui confier les Transports. Les travaillistes ont laissé faire Sharon qui a violé les lignes de partage entre la Palestine et Israël, rappelées en 1967 par la communauté internationale, tout comme ils n'ont pas bougé le petit doigt pour le mur en construction bien que condamné par la cour internationale de justice et désapprouvé par l'ONU. Les travaillistes, qui ont le souci de paraître bien aux yeux de l'opinion internationale, ont toujours laissé au Likoud la sale besogne. Sharon, pour sa part, est décidé de renvoyer l'ascenseur aux travaillistes en dépit d'une motion hostile à une telle démarche adoptée mercredi par la convention du Likoud, son parti. Sans l'appoint des travaillistes, son gouvernement est privé de majorité au Parlement, où son assise est de 59 élus sur 120 depuis que l'extrême droite a rejoint l'opposition en juin, suite à sa décision de quitter Gaza. Selon un sondage de la radio publique israélienne, 57% des électeurs du Likoud demandent à Sharon de mettre un terme à ses contacts avec le parti travailliste, beaucoup souhaitent même que le Premier ministre démissionne. Chez les travaillistes, on trouve normal les tractations de leur leader sur son entrée au gouvernement. Peres, 81 ans, a décidé de poursuivre les tractations sur l'entrée de son parti au gouvernement malgré la motion de la convention du Likoud et malgré une vive contestation au sein de sa formation de la part de puristes tels les députés Vilnaï, Ben Eliezer et Pines encore attachés au kibboutz et au sionisme originel. En juin 2003, le comité central travailliste a élu Peres à la tête du parti pour un an seulement, plaident ces députés pour qui Shimon Peres n'a d'yeux que pour le pouvoir. Le leader travailliste serait partant pour les prochaines élections générales prévues en fin 2006. En outre, il s'est d'ores et déjà placé pour des élections anticipées au cas où Sharon n'arriverait pas à sortir de la crise. D. B.