Ariel Sharon, 78 ans en février prochain, qui vient de provoquer un séisme politique en Israël, en quittant le Likoud, le plus grand parti de droite qu'il a lui-même créé, pour mettre sur pied un nouveau parti, Kadima, actuellement à la tête, a été hospitalisé d'urgence dimanche soir à cause d'une attaque cérébrale, qualifiée de légère. Son entourage essaye de rassurer ses partisans, en dédramatisant la situation. « Son état s'est nettement amélioré. Il marche. Il plaisante. Dès que nous aurons des informations médicales fiables, nous vous les transmettrons », a déclaré Ilan Cohen, son chef de cabinet. « Je pense qu'il fera une déclaration dès qu'il sera à nouveau en pleine possession de ses moyens. » La radio israélienne a rapporté que le Premier ministre a téléphoné aux principaux journalistes politiques du pays afin de les rassurer sur son état de santé. « Cela va bien, je suis encore là, il va falloir apparemment que je prenne quelques jours de vacances avant de continuer à aller de l'avant », a-t-il notamment déclaré au quotidien Haaretz en jouant sur le mot « Kadima », le nom de son nouveau parti qui veut aussi dire « en avant » en hébreu. Dimanche soir, le secrétaire du gouvernement, Israël Maïmon, avait affirmé que l'état de santé du Premier ministre ne nécessitait pas d'engager une procédure d'intérim. En cas d'incapacité pour Sharon de continuer d'exercer ses fonctions, l'intérim sera assuré par le vice-Premier ministre Ehud Olmert. Si cette période d'incapacité dépasse les 100 jours, des élections seront organisées le 101e jour. Des élections législatives sont prévues le 28 mars. Au-delà de tout ce qui se dit dans les milieux officiels israéliens, cet incident quelque soit sa gravité a mis l'index sur la friabilité du système politique israélien actuel. En fait, le nouveau parti Kadima, dont les sondages prédisent une nette victoire aux prochaines législatives, ne doit cette situation qu'à la personnalité de l'homme qui l'a lancé. Si ce dernier, c'est-à-dire Sharon, venait à faiblir pour des raisons de santé ou même disparaître vu son âge avancé, Kadima ne vaudra plus rien et il est probable qu'il disparaisse en même temps que son créateur. Cette fin sera aussi celle de beaucoup de personnalités politiques que Sharon a pu convaincre d'intégrer son nouveau parti, à l'image de l'autre figure de la politique israélienne Shimon Peres, ancien chef du parti travailliste, Haim Ramon du même parti, Shaoul Mofaz, ministre israélien de la défense qui était l'un des successeurs probables de Sharon à la tête du Likoud, mais qui a choisi de rejoindre Kadima lorsqu'il a vu que les sondages ne lui étaient pas favorables. La liste ne s'arrête pas à ces trois personnes, beaucoup d'autres qui jouissaient d'une certaine place dans leurs partis respectifs sont venus rejoindre Sharon, pas pour des motifs idéologiques, vu qu'ils viennent d'horizons divers, mais pour des gains politiques personnels, croyant que Sharon était capable de les porter avec lui à la tête du pouvoir en Israël. Beaucoup d'entre eux ont sûrement commencé à se mordiller les doigts sentant qu'ils se sont précipités dans leur décision de quitter leurs partis respectifs. En tous les cas, il est trop tard pour ces arrivistes, qui ont mis leur avenir politique entre les mains de cet aventurier nommé Sharon, de revenir en arrière, car personne dans leurs camps respectifs ne veut d'eux. Pour cause de santé ou autre, une défection de Sharon est synonyme d'un total remodelage de l'échiquier politique israélien. Beaucoup d'Israéliens qui n'ont pas été assez intelligents pour avoir accepté de mettre tous leurs espoirs sur le dos d'un seul homme, même si celui-ci n'est autre que le redoutable Sharon, ont sûrement commencé à se poser des questions. Pour leur part, les Palestiniens, qui ont longtemps souffert des politiques de répression de l'actuel Premier ministre israélien, sont loin d'être tristes pour son état de santé. Sa disparition, à la suite de cette maladie ou pour tout autre motif dans l'avenir, sera pour eux un acte de justice divine, vu que la justice humaine a été incapable de prendre la moindre mesure contre cet homme, connu pour ses multiples crimes de guerre. Ce qui est sûr, en Palestine, personne ne le pleurera.