C'est le vieux Batna, soit le centre-ville, qui est frappé par une épidémie qui s'installe dans la durée. Depuis le 16 juillet dernier, 326 patients ont été hospitalisés et la liste est appelée à s'allonger car le service épidémiologique de l'hôpital du chef-lieu de wilaya continue toujours d'enregistrer de nouvelles admissions. Dépêchés d'Alger et dirigés par le Dr Halla, “M. MTH” dans le département de Redjimi, des experts épidémiologistes ont tiré la sonnette d'alarme à travers les premières conclusions de leur enquête. En effet, le week-end dernier, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a diligenté une commission d'enquête à Batna. Cette dernière a confirmé l'état désastreux des lieux. Ils ont, selon nos confrères de l'APS, inspecté les points de croisement des deux réseaux d'assainissement et de distribution de l'eau potable dans différents quartiers de la ville de Batna. C'est ainsi que 212 puits ont été examinés. Les résultats bactériologiques ont été positifs dans plus des 50% des cas. Selon les premières conclusions de l'enquête, 116 puits ont été contaminés et nécessitent un traitement adéquat dont 36 puits ont été définitivement fermés. Ces premières conclusions, prises dans leur contexte, renseignent sur la précarité de la situation épidémiologique qui sévit au niveau du chef-lieu de wilaya depuis le début de l'été. Une précarité due à deux causes essentielles. D'une part, les contaminations s'étalent dans le temps et risquent de se poursuivre jusqu'à la rentrée scolaire prévue pour les prochains jours. D'autre part, des coûts de prise en charge (100 000 dinars par cas) et des séquelles, il y a là hantise de voir se propager le foyer de contamination à tout Batna et même au Grand-Aurès, car Batna est aussi une ville universitaire. En outre, plus des 50% des puits inspectés se sont révélés contaminés. Comme il s'agit d'un long processus qui a échappé au contrôle de routine, notamment en été, c'est toute la politique d'hygiène et de prévention locale, chapeautée par les fameux BHC (Bureaux d'hygiène communaux) qui est mise en cause. Notons que la ville de Batna a bénéficié d'un programme d'urgence de rénovation de quelque 4 695 mètres linéaires de son réseau d'AEP. Les autorités locales, en charge de la santé publique, expliquent l'étalement des cas d'hospitalisation à près de 45 jours selon les spécificités de l'épidémie. Dans le cas de la typhoïde, précise-t-on, l'incubation de la bactérie pathogène peut aller jusqu'à un mois. Déjà signalé l'été 2003 dans la plupart des régions du pays, le retour des “épidémies des pauvres” est une réalité qui contraste mal avec l'embellie financière du pays fouettée par un prix du baril en folie. C'est peut-être parce que rente pétrolière ne signifie nullement développement et bonne gouvernance qu'en 2004, et avec un baril frôlant les 50 dollars, qu'on a la typhoïde non pas dans un quelconque village perdu du pays, mais bien dans le centre-ville de Batna, un chef-lieu de wilaya. M. K.