«C'est une pathologie que l'on pensait éradiquée qui refait surface.» Les autorités sanitaires de la ville tentent de se montrer rassurantes, mais ignorent toujours l'hygiène de la ville d'Oran qui continue d'être livrée aux rats, aux ordures et aux chiens errants. La peste bubonique s'est déclarée à Oran et aujourd'hui, les autorités sanitaires tentent de se montrer rassurantes. Les citoyens, que nous avons approchés, étaient abasourdis tout en responsabilisant les autorités locales qui ont laissé les décharges sauvages proliférer et l'hygiène péricliter. La direction de l'hôpital d'Oran a tenu, hier, une réunion pour faire le point sur la situation et évaluer l'impact des mesures prophylactiques prises au lendemain de l'épidémie. Dans un communiqué rendu public, la direction du CHUO précise qu'un enfant a été admis le 4 juin dernier. Vu son état de santé préoccupant, il a fini par rendre l'âme, une heure après son admission. Le document précisera que les 9 malades actuellement pris en charge au niveau du service d'épidémiologie de l'hôpital, répondent positivement au traitement qui leur a été administré, ce qui laisse entrevoir un rapide rétablissement. Au sujet du malade habitant le quartier Oussama (ex-Boulanger), la direction de l'hôpital précisera qu'il est, à l'heure actuelle, le seul cas connu du centre-ville, ce qui laisse espérer qu'il n'y aura pas un deuxième foyer épidémique. Le patient a contracté la maladie durant un séjour effectué à Kehaïlia. Par ailleurs, le communiqué précise que toutes les dispositions ont été prises pour assurer un bon accueil aux malades et le maximum de protection au personnel soignant. Les médecins et les paramédicaux du service épidémiologie craignent d'être touchés par la maladie. «Qu'on nous dise au moins quels sont les moyens de prévention pour mettre à l'abri le personnel soignant au contact des malades», dira une infirmière qui n'a pas manqué de préciser qu'elle n'a eu connaissance de l'épidémie que la matinée, en consultant la presse du jour. «On était au contact de ces malades, mais on ne nous avait rien dit», dira-t-elle. La direction de l'hôpital, qui s'était murée dans le silence depuis l'apparition des premiers cas, a précisé que pour la localité de Kehaïlia, mise en quarantaine depuis jeudi dernier, toutes les mesures ont été prises pour arrêter la propagation de la maladie et assurer le traitement aux malades. Toutefois, il est malheureux de constater que des citoyens (environ 1200 âmes) vont être coupés du monde durant quarante jours. A-t-on pensé à ceux qui travaillent en dehors de la localité, à ceux qui étudient, à ceux qui voyagent et doivent impérativement sortir du douar de Kehaïlia? Hier, des journalistes sont allés faire un tour du côté de cette localité. Ils avaient réussi à déjouer la vigilance des gendarmes et des gardes communaux qui gardaient les 6 accès au bourg. Bravant encore plus le danger, ils ont rendu visite aux malades hospitalisés au niveau du service épidémiologie et qui n'étaient nullement placés en isolement. Les mesures préventives prises pour vaincre cette épidémie ne semblent pas à la mesure de la gravité de la situation. Kehaïlia, officiellement mise en quarantaine, continue d'être un douar ouvert, les malades atteints de la peste continuent de partager les mêmes espaces avec d'autres malades. Aucune campagne de dératisation ou de désinsectisation n'a été décidée à ce jour et les rues de la ville continuent de recevoir des tonnes d'ordures ménagères livrées aux chiens errants et autres rats sans que cela émeuve personne. Aux dernières nouvelles, un mal étrange s'est déclaré à Relizane et plusieurs citoyens sont actuellement hospitalisés à l'hôpital Mohamed-Boudiaf, pour une maladie qui reste non encore identifiée. Sont-ce des cas de peste? Seules des analyses poussées pourront le déterminer, mais en attendant, la rue a pris l'événement pour le moduler au gré de ses appréhensions et de ses humeurs. Oran, qui s'apprête à accueillir 18 millions d'estivants, risquerait de voir sa saison estivale s'en aller à vau-l'eau, si l'épidémie venait à persister.