Les résultats obtenus par nos athlètes ont été décevants pour les Algériens qui s'attendaient, au vu du pronostic des responsables du mouvement sportif, à récolter au moins autant de médailles qu'aux jeux précédents de Séoul. La triste réalité du classement de notre pays dans les différentes disciplines représentées, montre bien que nos techniciens n'étaient pas en mesure d'apprécier les véritables chances de nos représentants, donc n'avaient pas d'éléments de mesure des performances de leurs athlètes. Pourtant, les données scientifiques actuelles, auxquelles les entraîneurs font appel, à la fois pour une préparation adéquate des sportifs et une évaluation-pronostic objective auraient pu éviter à l'Algérie une participation quelque peut humiliante. Un responsable du ministère de la Jeunesse et des Sports, présent à Athènes, a cité, parmi les causes de déconvenue, l'absence d'un centre de médecine du sport performant, qui aurait pu contribuer à une meilleure préparation des athlètes. Si ce constat est malheureusement réel, notre dirigeant devrait se poser la question : à qui la faute ? Il faut rappeler que dans les années 1970-80, l'Algérie était bien en avance, dans le domaine médico-sportif, par rapport au reste des pays africains et même, comparativement, à de nombreuses nations européennes. Notre pays s'était doté d'une structure médicale spécialisée à la mesure de nos ambitions de l'époque et avait organisé une formation de médecins spécialistes dont beaucoup font, aujourd'hui, le bonheur des pays du Golfe arabique (l'un d'entre eux est même médecin de l'équipe nationale d'Arabie Saoudite depuis 10 ans). La projection de centres de médecine du sport régionaux, puis de wilaya, devait assurer une couverture optimale des activités sportives à travers le territoire national. Les spécialistes en médecine du sport en activité dans l'ex-Centre national de médecine du sport, devenu aujourd'hui hôpital public, participaient largement à la bonne préparation des athlètes, à travers les tests d'évaluation, les programmes de récupération des athlètes, et les soins spécialisés. Les résultats obtenus par nos sportifs, à l'époque, n'étaient pas le fruit du hasard, mais celui d'un travail collectif sérieux, impliquant les entraîneurs, les médecins du sport, les psychologues, les diététiciens, chacun apportant son savoir et son expérience pour l'édification d'un mouvement sportif performant. Qu'en est-il aujourd'hui ? La médecine du sport algérienne, qui était largement en avance sur le reste des pays africains en terme d'activités et de structures, est malheureusement aujourd'hui largement dépassée par les nations voisines qui ont compris l'importance de cette discipline dans la préparation de la performance sportive. La seule structure spécialisée est transformée en hôpital public, réduisant l'activité médico-sportive au seul service de médecine du sport de rééducatiofonctionnelle, pour lequel, au demeurant, les responsables du ministère de la Jeunesse et des Sports n'accordent aucun intérêt. Ainsi, les moyens d'assurer une couverture médico-sportive optimale à nos athlètes sont de plus en plus réduits, au moment où d'autres pays les développent, pour permettre à leurs sportifs de bénéficier d'une préparation la plus efficace possible. De nombreux décès sur terrain ont été enregistrés ces dernières années, la plupart d'origine cardiovasculaire, alors que les moyens d'exploration permettent aujourd'hui d'en limiter largement les risques. Une mort d'athlète, en pleine jeunesse, est une catastrophe, l'indisponibilité de moyens de dépistage correspond à une non-assistance à sportif en danger. L'Algérie, qui projetait, dans les années 1970-80, de recevoir des athlètes étrangers pour explorations et soins spécialisés, se retourne aujourd'hui vers la Tunisie pour les contrôles antidopage, et la France (Lyon) pour la rééducation d'une cheville de footballeur. Je serais tenté de dire que les résultas médiocres enregistrés à Athènes sont ainsi dans la continuité logique du recul programmé par les responsables du mouvement sportif national. La mode de lutte antidopage a créé une véritable frénésie chez nous, alors que notre sport appelle à d'autres priorités (dépistage d'anomalies organiques, moyens dévaluation de la performance physique, moyens de récupération, etc.). L'exemple des prochains Jeux arabes devant se tenir à Alger est bien édifiant : on ne dote pas la seule structure médico-sportive existante en Algérie de moyens pour assurer une couverture sanitaire optimale (ex : table de radiologie), mais on met en branle tout un dispositif de contrôle antidopage, dont le laboratoire est à Tunis. Alors que tout le monde sait que ces jeux n'ont aucun caractère officiel, n'étant identifiés dans aucune institution sportive internationale. Si seulement cette manifestation pouvait servir à restaurer de façon durable nos structures sportives, nous pourrions dire que ce serait là notre médaille. Malheureusement, la précipitation relative à la préparation des structures, provoquées par le retard enregistré malgré le report d'une année, laisse craindre que beaucoup d'argent soit dépensé pour être prêt uniquement pour ces jeux. Encore une fois, ce serait comme les bourses de préparation de certains athlètes pour les jeux Olympiques de l'argent du contribuable, dépensé inutilement. R. H.