La question de la femme a été à l'honneur de l'université d'été du RCD qui s'est tenue à Tipasa. Et la personne invitée à animer une conférence, l'après-midi du jeudi, sur ce thème sensible, est une grande battante qui connaît bien son sujet. C'est Nadia Aït Zaï. Une avocate et militante de la cause de la femme. Elle voit d'un bon œil les derniers amendements apportés au code de la famille. Elle dit les accepter : “Je les accepte parce qu'ils rétablissent la femme dans son individualité. Des avancées ont été enregistrées : en supprimant la tutelle matrimoniale, on a introduit une responsabilité des conjoints dans la gestion de la famille ; il y a l'autorité parentale, qui est partagée, et la polygamie est contrôlée par le juge. Ce qui permet une meilleure stabilité de la famille et redonne à la femme sa place dans la famille et sa dignité qu'elle n'avait pas dans le code actuel.” Et d'ajouter : “Nous les acceptons aussi parce que cela passe par une interprétation du fiqh. C'est vrai que nous avions voulu que les valeurs universelles auxquelles l'Algérie adhéraient soient mises en valeur. Il reste que ces amendements vont dans le sens de l'application des conventions internationales, consacrant les valeurs universelles, que l'Algérie avait signées.” Elle n'a pas manqué de porter la contradiction aux islamistes qui ont fait des pieds et des mains pour faire avorter ces amendements apportés à un code vieux de 20 ans. “Il y a la position des islamistes qui instrumentalisent la charia alors qu'il faut parler de fiqh et non de charia. Car le fiqh est interprétable alors que la charia n'est pas source directe d'une loi. Donc, nous acceptons ces amendements en nous mettant sur le terrain de l'interprétation du fiqh. Mais nous faisons notre interprétation qui va dans le sens de la modernité. En plus du fiqh, il y a une réalité sociale : c'est l'évolution de la famille élargie vers la famille nucléaire”. Pour illustrer une réelle évolution des mentalités en Algérie, elle a parlé d'un sondage sur le degré d'adhésion des Algériens aux valeurs égalitaires. Un sondage qui a porté sur un échantillon de 1 200 personnes, dont 610 femmes. Aux questions posées sur l'acceptation de la polygamie, 6 hommes sur 10 préfèrent être monogames. Pour ce qui est de la tutelle matrimoniale, les personnes interrogées font la nette distinction entre la tutelle d'une enfant mineure, qui est nécessaire, et la tutelle d'une majeure qu'ils ne considèrent pas indispensable. Ce qui l'amène à conclure : “L'interprétation du fiqh et cette évolution des mentalités doivent aider à une plus grande modification du code de la famille.” A. C.