Par cet arrêt de travail ayant paralysé le trafic dans la banlieue algéroise, les cheminots entendent protester contre l'insécurité dans les gares. Hier, les citoyens qui ont l'habitude de prendre le train pour la banlieue d'Alger ont été contraints de se trouver un autre moyen de transport afin de se rendre à leur lieu de travail. Tous les trains au niveau du Grand-Alger étaient à l'arrêt. Les soixante-dix-sept navettes desservant le Grand-Alger n'ont pas fonctionné. Le transport sur les grandes lignes, vers l'ouest et l'est du pays, a été assuré, non par les mécaniciens, mais par des cadres de la direction générale. “C'est dans un geste de bonne foi, pour le bien-être de nos citoyens voyageurs que nous avons fait cet effort, oubliant notre rage et nos sentiments. Mais nous espérons que chacun mettra du sien, à tous les niveaux de la société, pour faire face à ces basses et inconscientes pratiques”, souhaite un responsable de la direction de la SNTF. Les mécaniciens sont en grève ou plutôt en deuil. Un de leurs collègues est décédé. “C'est avec une immense douleur que les mécaniciens ont appris la mort de leur collègue, Hadj Kouider Azzedine, 26 ans, conducteur de train qui a succombé à ses blessures à l'hôpital Zmirli, à la suite d'un jet de pierres lancé par une main assassine, survenu le 4 septembre à 18h 30 à l'entrée de la gare d'El-Harrach dans la section de voie située entre les stations du Caroubier et d'El-Harrach”, explique un communiqué de la Société nationale des transports ferroviaires émanant de la direction générale. C'est à la gare d'El-Harrach que ce communiqué est affiché à l'entrée de la station pour expliquer aux nombreux usagers surpris et mécontents de cet arrêt intempestif des trains. Ce qui a fait dire à un voyageur : “Une journée de protestation n'est rien devant ce qui se passe quotidiennement dans toutes les gares du Grand-Alger. Un mois de grève est encore insuffisant. On se fait agresser et voler sans aucune impunité. La semaine dernière, un policier en civil a reçu trois coups de couteau. Où sont les autorités ?” Les services des agents de sécurité avouent leur impuissance face aux agressions au niveau de ces gares où plusieurs cas d'agression se sont produits sur des voyageurs empruntant la direction Agha-Bab Ezzouar. Notamment les étudiantes qui se faisaient souvent délester de leurs bijoux. Ces agents se plaignent du manque d'effectifs face à une nouvelle génération de jeunes malfaiteurs. Ces derniers sont qualifiés “d'extraterrestres qui n'ont peur de rien. Ils sont drogués, ne dépassent pas, pour la plupart, les 22 ans. On les arrête et on les livre à la police. Arrivés devant le procureur, la plupart d'entre eux sont relâchés”, se désole un de ces agents. Et d'ajouter : “Il faut reconnaître qu' en général, les agressés, une fois leur bien récupéré, préfèrent ne pas suivre jusqu'au bout la procédure du dépôt de plainte. Arrivés devant le juge, ces voyous qui sont rompus à ce genre de procédures pénales mettent le magistrat devant le fait accompli et ils sont relaxés. Nous saisissons cette occasion pour dire à nos compatriotes de nous aider et d'aller jusqu'au bout des procédures”. Au-delà des conséquences et des désagréments causés par cette journée de protestation qui est assumée par la direction générale de la société étatique, c'est la sonnette d'alarme qui est tirée face à ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur. Par ce geste de protestation, les responsables de la sntf entendent interpeller les consciences et tirer la sonnette d'alarme quant au danger de jets de pierres. Comme celui qui a coûté la vie à ce jeune habitant qui, ironie du sort, habite cette même ville d'El-Harrach. Le chef de gare d'El-Harrach fait état de 43 accidents depuis le début de cette année. Il nous apprend que 60 % d'entre eux sont dus aux jets de pierres. M. B.