Le Jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui, dont le groupe a menacé dans une vidéo, hier, d'exécuter deux Américains et un Britannique enlevés jeudi à Bagdad, est l'homme le plus recherché en Irak par les Etats-Unis qui l'accusent des violences ensanglantant le pays. Cet islamiste qui serait un responsable du réseau terroriste Al-Qaïda, et pour lequel les autorités américaines en Irak ont plus que doublé la récompense (25 millions de dollars) à qui permettra de le capturer, a fui en 1999 son pays. De son vrai nom Fadel Nazzal Al-Khalayleh, Al-Zarqaoui est membre de la tribu des Bani Hassan, une des plus grandes du royaume. Très jeune, il quitte la maison familiale de Zarqa, une ville pauvre à 25 kilomètres à l'est d'Amman, pour l'Afghanistan où il reçoit un entraînement dans des camps d'Al-Qaïda et combat contre les forces soviétiques. Il effectue régulièrement des visites en Jordanie et, dans les années 1990, ses séjours sont plus longs. Considéré par les responsables du renseignement américain comme l'un des meilleurs experts en armes chimiques et biologiques d'Al-Qaïda, il retourne en Afghanistan où il monte en grade au sein d'Al-Qaïda. Il se bat contre les forces américaines lors de leur intervention dans ce pays à la fin 2001 ; blessé, il aurait été amputé d'une jambe. En 2002, l'enquête sur l'assassinat du diplomate américain Laurence Foley à Amman remet les services de renseignement jordaniens sur sa trace. Le pouvoir jordanien annonce sa présence dans le Kurdistan irakien, zone échappant au contrôle de Bagdad où il est assuré de la protection par le groupe extrémiste Ansar Al-Islam, qui contrôlait une enclave dans cette même région. Un mois avant le début de la guerre d'Irak, dans son réquisitoire contre Bagdad devant le Conseil de sécurité de l'ONU, le secrétaire d'Etat Colin Powell accuse nommément Al-Zarqaoui d'être le chaînon entre le réseau de Ben Laden et Saddam Hussein, affirmant que celui-ci lui donne refuge. Al-Zarqaoui est considéré par les Etats-Unis comme le suspect numéro un dans une longue liste d'attentats meurtriers en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, notamment ceux commis en août 2003 à Najaf et à Bagdad contre les bureaux de l'ONU. Il serait aussi lié aux attentats sanglants ayant fait plus de 170 morts à Kerbala et Bagdad le 2 mars. Les troupes américaines bombardent fréquemment des caches présumées des partisans d'Al-Zarqaoui, notamment à Falloujah. D. B.