L'hôtel El-Aurassi abrite depuis hier les IIIe Rencontres internationales de pharmacie. Celles-ci, organisées par le Conseil de l'ordre des pharmaciens d'Alger (COPA), devront débattre pendant deux jours du thème de “la disponibilité et l'accessibilité du médicament”. Dans son discours d'ouverture, le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, Mourad Redjimi, a mis en exergue l'engagement de l'Etat pour encourager la production algérienne en matière de produits pharmaceutiques et pour promouvoir le générique. Selon lui, la facture des médicaments, produits et importés, s'est élevée, au cours du premier semestre 2004, à 600 millions de dollars. Le ministre a, en outre, indiqué que son département a procédé au retrait d'autorisation à une cinquantaine d'importateurs, en raison du non-respect du cahier des charges – il faut comprendre par-là l'absence de soutien à la production locale. M. Redjimi a, par ailleurs, saisi l'occasion de ces rencontres pour annoncer que le décret exécutif relatif à la politique du médicament en Algérie est fin prêt et qu'il sera soumis très prochainement aux partenaires (Conseil de l'ordre des pharmaciens, importateurs, etc.). Il a également révélé que la loi sanitaire sera déposée à l'Assemblée nationale avant la fin de l'année en cours. De son côté, le docteur Benbahmed, président du COPA, a signalé que le marché du médicament est marqué par des “ruptures de stocks récurrents”, des ruptures rendues possibles par des “causes structurelles” et les “causes spéculatives”. D'après lui, cette situation a des répercussions sur les malades (aggravation des pathologies), les pharmaciens (exercice réduit à la gestion des stocks) et les citoyens (mécontentement), ainsi que sur certaines “dérives” : “comportements spéculatifs, fraudes, importations illégales.” M. Benbahmed s'est ensuite interrogé sur le montant de la facture du médicament, en remarquant que 20 dollars sont consacrés en Algérie en matière de médicament par habitant et par an, comme c'est le cas au Maroc (sans une sécurité sociale généralisée), contre 50 dollars/habitant/an en Tunisie. Pour le président du Conseil, aujourd'hui, l'enjeu est d'assurer “une couverture médicale et sociale généralisée, tout en assurant l'équilibre fragile de la sécurité sociale et en développant une production nationale en médicaments”. En guise de solutions devant garantir à la fois la qualité, la disponibilité et l'accessibilité des médicaments, le Dr Benbahmed a plaidé pour le travail de “régulateur” du ministère de tutelle, en relevant plus loin : “La politique du médicament doit inévitablement s'inscrire dans celle, plus globale, du pays, en y intégrant toutes les implications qu'entraîneront l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et à l'accord d'association avec la CEE.” La première journée des rencontres internationales de pharmacie d'Alger, qualifiée d'espace “scientifique, d'échanges et d'information”, a drainé beaucoup de monde. Certains participants nous ont alertés sur l'absence du syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo), en se demandant “s'il a été invité à ce rassemblement, puisqu'on parle des médicaments et des nouvelles orientations de l'officine ?”. H. A.