L'association nationale des hépatopathies chroniques a tiré, hier, la sonnette d'alarme contre la propagation inexorable de l'hépatite C, considérée, à juste titre, comme une pathologie sournoise. “Il est plus que jamais urgent de promouvoir une attitude systématique de prévention et de dépistage”, avertit M. Bouallag, président de l'ANHC qui constate une sorte de laisser-aller au sein de la famille médicale mais aussi du secteur chargé de la santé. Chiffre édifiant : 90% des Algériens ignorent totalement cette maladie qui, si elle n'est pas traitée, se transforme en cirrhose ou carrément en cancer… “Tout le monde doit se sentir concerné !” professe le Dr Bouallag qui invite les pouvoirs publics et le corps médical à systématiser la pratique du dépistage pour juguler cette pathologie par ailleurs contagieuse. Si le nombre de personnes atteintes du virus de l'hépatite aiguë ou chronique ne représente que 1% environ de la population mondiale touchée, il n'en demeure pas moins que notre pays est classé dans la zone à risque intermédiaire. En clair, le nombre de cas déclarés ne correspond pas forcément au nombre de malades porteurs du virus. Le dépistage demeurant, à ce jour, un acte médical rare au sein des établissements hospitaliers et chez les médecins privés, il serait alors impossible d'obtenir une statistique fiable sur les données épidémiologiques de cette maladie. Un indice cependant : la région de Khenchela et de Barika est identifiée comme étant un foyer de cette pathologie. Pourquoi ? Parce que dans ces deux villes, il se trouve que les médecins soumettent systématiquement leurs patients au dépistage. Ce qui est loin d'être le cas, ailleurs, y compris à Alger où les meilleures structures sanitaires sont implantées. Ce paradoxe a été largement martelé, hier, par les animateurs d'une conférence de presse organisée par l'association nationale des hépatopathies au niveau de l'institut national de la santé publique. L'objectif étant d'inciter les autorités et les malades à lancer des campagnes de sensibilisation sur les hépatites B et C. Les animateurs de cette association ont, en effet, posé un diagnostic infaillible : “Jusqu'à présent, ces affections sont le parent pauvre des programmes de lutte en santé publique, elles restent négligées autant de la part des pouvoirs publics que de la communauté médicale.” Les malades potentiels prennent, donc, leur mal en patience, voire en ignorant qu'ils ont chopé le virus notamment dans les contrées où la couverture sanitaire laisse à désirer. Pis, de l'avis des spécialistes, le traitement de ce genre d'infection est aléatoire en raison de l'indisponibilité des médicaments – les référons — et de l'inexistence d'examens biologiques au niveau de l'institut Pasteur qui n'aurait pas de moyens financiers pour acquérir les produits chimiques à base desquels se fait le dépistage. Autre fatalité : le montant du traitement de cette maladie est extrêmement coûteux pour le patient puisqu'il doit débourser 24 millions de centimes, voire 120 millions de centimes, pour le nouveau remède qui serait plus efficace. Il est évident que ces sommes astronomiques sont largement hors de portée des algériens qui ont déjà bien du mal à subvenir à leurs besoins élémentaires. C'est dire que la prévention est le seul rempart contre le VHC qui sommeille déjà dans les organismes de 300 000 algériens. L'ANHC crie à qui veut bien l'entendre : “mieux vaut prévenir que guérir.” H. M.