À mesure que le rendez-vous électoral approche, les images de violence deviennent régulières au point que le nombre de victimes passe au second plan. Bagdad et Falloudjah ont encore une fois été le théâtre de scènes d'horreur, causées par les deux protagonistes de cette guerre sans fin. En dépit de toutes les mesures de sécurité imposées par l'armada américaine et les forces locales, la capitale irakienne a été secouée, hier matin, par deux violentes déflagrations à quelques minutes d'intervalle. La première explosion a eu lieu devant un centre de recrutement de l'armée irakienne où étaient regroupés plus de quatre cents nouvelles recrues. Le bilan provisoire fait état de dix morts et soixante-seize blessés, selon le Dr Fira Al Amine de l'hôpital Yarmouk. Le lieu de l'attentat se trouve à proximité de la zone verte de Bagdad, pourtant ultra-sécurisée par les Américains. Un porte-parole de l'armée US s'est empressé d'annoncer qu'il n'y avait pas de victimes américaines. Il est clair que l'objectif de cette action est de décourager les postulants à un emploi au sein de la nouvelle armée irakienne. Moins de quarante-cinq minutes plus tard, le centre de Bagdad a été ébranlé par une seconde explosion. C'est une voiture piégée qui a explosé à une centaine de mètres de l'hôtel Bagdad, où résident des ressortissants étrangers. L'on dénombre deux morts et dix-sept blessés d'après le dernier bilan communiqué par le service des urgences de l'hôpital Ibn-Nafis. Un directeur général au ministère de la Science et de la Technologie irakien a été abattu en compagnie d'une fonctionnaire du même département par des inconnus hier matin. À Baâgouba, un général de police a été tué par les occupants de deux voitures, qui lui ont tendu une embuscade alors qu'il se rendait à son travail. À Ramadi deux Irakiens ont péri dans l'explosion d'une bombe artisanale. De son côté, l'armée américaine poursuit ses bombardements à Falloudjah. Dans la nuit de samedi à dimanche, l'hôpital de la ville a reçu les corps de onze victimes tuées au cours des deux raids de l'aviation américaine, qui ont visé un immeuble où se seraient retranchés vingt-cinq combattants liés à Abou Mossaâb Al-Zarqaoui et un endroit abritant un réseau appartenant au terroriste jordanien, à en croire les communiqués de l'armada US. Parmi les morts figurent trois femmes et deux enfants, a précise le Dr Adel Khamis de l'hôpital général de Falloudjah. Ceci ne fait que démentir les assertions de la coalition affirmant que les raids ne visaient que les combattants de Al Zarqaoui. Toute cette violence au quotidien n'est pas faite pour faciliter le déroulement des élections générales qu'envisagent de tenir le gouvernement d'Iyad Allaoui et les Etats-Unis dès janvier 2005. Seul un miracle pourrait permettre la réalisation de cet objectif qualifié d'utopique par les observateurs de la scène irakienne. En effet, la réalité du terrain exclut toute possibilité de ce genre. K. A.