Mille deux cents Irakiens, des terroristes selon la terminologie du pentagone, ont été tués par les forces américaines, qui déplorent 38 morts et 275 blessés dans ses rangs. Mettant en œuvre les grands moyens humains et matériels, l'armée américaine a certes pacifié la ville de Falloudjah, mais au prix d'un énième massacre en terre irakienne. Même le croissant-rouge irakien n'a pas été autorisé à apporter les secours aux victimes et à la population civile. Un véritable carnage à huis clos. L'opération est entrée hier dans sa deuxième semaine sans que nul ne lève le petit doigt. Seuls quelques résistants, encerclés dans le sud, semblaient livrer leur baroud d'honneur. “Il y a 50 à 80 Irakiens et combattants étrangers rassemblés dans le sud-ouest, attendant l'assaut final”, a déclaré dimanche dernier le lieutenant Christopher Pimms. “Plus nous avançons vers le sud, plus les combats deviennent violents et organisés”, a-t-il ajouté. Tapis dans des immeubles et épiant les mouvements des soldats américains, les insurgés ne résistent pas frontalement, privilégiant désormais l'utilisation de fusils à lunette contre les fantassins. Devant les craintes d'une crise humanitaire à Falloudjah, les militaires américains insistent sur le fait que tout a été mis en place pour soigner les blessés civils. Mais un convoi du Croissant-Rouge irakien acheminant vers le centre de Falloudjah de la nourriture et des médicaments était toujours bloqué depuis samedi dernier à l'hôpital général, situé à sa lisière ouest. Les blessés civils sont dirigés vers l'hôpital général qui a été approvisionné en eau et en fioul et vers un second hôpital, à l'est de la ville. Parallèlement aux opérations de Falloudjah, la Garde nationale irakienne a commencé dimanche dernier à reprendre Mossoul (370 km au nord de Bagdad), brièvement tombée aux mains de la guérilla. Des accrochages sporadiques ont eu lieu avec les rebelles. À 200 km au nord de Bagdad, dans la région de Baïji, 13 Irakiens ont été tués et 26 blessés dimanche dernier dans des heurts et deux raids américains, selon une source hospitalière. Dans ce contexte de violence, organiser des élections en Irak en janvier prochain “sera un grand défi”, a affirmé le vice-Premier ministre irakien Barham Saleh, et il faudra à l'approche du scrutin “évaluer” la situation avec les Nations unies et la commission électorale indépendante. “Tenir les élections sera un grand défi”, a estimé M. Saleh dans un entretien au quotidien The Guardian, “mais [les] différer pourrait être encore plus dangereux”. “Mon espoir est que nous aurons stabilisé plusieurs des zones qui sont devenues des poches de combattants étrangers et de rebelles, car il est vital que chaque citoyen irakien puisse exercer le droit fondamental de choisir un gouvernement qui lui a été refusé depuis si longtemps”, a-t-il ajouté. “Tenir des élections libres et équitables à temps est un engagement que nous avons pris envers le peuple irakien”, a-t-il rappelé. Des élections générales sont prévues avant fin janvier 2005 pour désigner une Assemblée nationale, un parlement autonome pour le Kurdistan irakien et des conseils provinciaux. De son côté, la télévision satellitaire qatariote Al-Jazira a affirmé, sans préciser ses sources, que deux des trois membres de la famille du Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, ayant été enlevés le 9 novembre, avaient été relâchés. K. A. A.