5 000 enfants illégitimes naissent chaque année en Algérie. Les mères célibataires, dont beaucoup vivent dans la détresse, peuvent désormais prétendre à un poste de travail rémunéré. Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale a décidé de mettre en place un dispositif de réinsertion sociale de ces femmes afin de leur permettre de pouvoir récupérer leurs enfants abandonnés à la naissance dans les pouponnières et les foyers d'assistance. “Il s'agit d'une aide financière de 10 000 dinars qui sera accordée à chaque mère célibataire pour lui permettre de suivre une formation assortie d'une promesse d'embauche”, a expliqué à Liberté le chef de cabinet du ministre de l'Emploi, Mme Khadidja Ladjel. Une déclaration qui vient lever les ambiguïtés engendrées par les déclarations contradictoires imputées au premier responsable de ce département, Djamel Ould Abbas. Lors d'une visite à Béjaïa, le 22 septembre dernier, le ministre avait annoncé que son département envisageait d'octroyer un salaire mensuel de 10 000 dinars à toute femme désireuse de récupérer son enfant abandonné dans les centres d'assistance. Le 23 septembre, soit le lendemain, Djamel Ould Abbas confirme l'annonce faite dans la capitale des Hammadites, en affirmant devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN), que son département publiera “une instruction pour l'aide des mères célibataires en leur octroyant un salaire mensuel de dix mille dinars”. Des déclarations, du reste, rapportées par l'agence officielle APS. Quelques jours plus tard, Djamel Ould Abbas, lors d'une rencontre à Alger sur les technologies de l'éducation, dément catégoriquement que son département ait envisagé de donner un salaire mensuel aux mères célibataires. “Contrairement à ce qui a pu être dit, je n'ai jamais envisagé de donner un salaire de 10 000 dinars aux mères célibataires, mais d'octroyer une prime, dont le montant n'a pas encore été fixé, aux jeunes filles qui ont un enfant à charge, le temps de s'organiser”, a-t-il affirmé à un confrère. Au ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, les proches collaborateurs de Djamel Ould Abbas soutiennent mordicus, eux aussi, que le ministre n'a jamais tenu de tels propos. “Il s'agit d'une erreur”, affirme Mme Khadidja Ladjel. La somme de 10 000 dinars servira à couvrir les besoins de chaque mère célibataire et de son enfant pendant une période allant de 3 à 6 mois, le temps de suivre une formation qui lui permettra de briguer, par la suite, un poste d'emploi, explique un autre responsable de ce département. Les mères célibataires peuvent également compter sur la contribution de l'agence nationale de gestion du micro-crédit. Cette structure, mise en place récemment par le département de Djamel Ould Abbas, peut financer des projets d'un montant allant de 50 000 à 400 000 dinars, selon un responsable du ministère. Djamel Ould Abbas a instruit les directions de l'action sociale (DAS) des 48 wilayas du pays de recenser les mères célibataires. Pour l'heure, il n'existe pas de statistiques exhaustives, explique-t-on au ministère de la Solidarité. Toutefois, une étude réalisée l'année dernière par le Centre national des études appliquées (Ceneap) pour le compte de ce département montre que quelque 5 000 enfants illégitimes naissent chaque année en Algérie. Près de 46% des femmes, qui ont mis au monde ces enfants naturels, sont ou étaient des prostituées, selon cette étude financée par l'Unicef et réalisée sur un échantillon réparti sur 36 wilayas. Actuellement, il existe en Algérie une vingtaine de pouponnières destinées à accueillir les enfants de moins de 6 ans et 13 foyers pour enfants assistés, dont l'âge se situe entre 6 et 18 ans. R. B.