La Centrale syndicale émet des réserves sur le contenu des textes. Selon l'organisation syndicale, les importations sauvages et la concurrence déloyale faussent, entre autres, le diagnostic. L'UGTA juge l'appréciation du gouvernement sur l'économie nationale et sur la situation des entreprises publiques “partielle”. L'analyse de l'évolution des entreprises publiques ne saurait se limiter au simple examen de données quantitatives (chiffres d'affaires, valeur ajoutée, excédent brut d'exploitation, déficit…). Ces données comptables, souligne l'UGTA, “n'ont de signification véritable que dans un contexte institutionnel et économique stabilisé avec une concurrence loyale et des règles observées de façon uniforme par tous les acteurs”. L'assainissement de l'environnement économique et la mise en œuvre des réformes institutionnelles sont deux axes majeurs qui conditionnent l'efficacité des entreprises et le développement de l'investissement, réplique l'UGTA. Les pertes de parts de marché, selon la Centrale syndicale, ne sont pas le fait des seules entreprisses publiques, mais également des entreprises privées. “Celles qui paraissent aujourd'hui florissantes connaîtront le même sort que les entreprises publiques lorsque les exonérations d'impôts et taxes qui leur ont été accordées cesseront de produire leur effet”, observe la centrale. L'UGTA évoque dans ce contexte le secteur de la manufacture (textile habillement, ameublement). La crise qui secoue ce secteur n'épargne pas le privé. “Les entreprises ne bénéficient même pas du niveau légal de protection si l'on se réfère aux importations sauvages, notamment celles de tissus et de la friperie en provenance de la Tunisie”, regrette l'UGTA. La Centrale syndicale affirme que compte tenu de l'ampleur des besoins financiers, le dispositif banques-entreprises ne constituait pas un programme d'assainissement. Rares sont les entreprises dont l'endettement bancaire a été totalement effacé, indique l'UGTA. Pour la quasi-totalité des entreprises, le schéma consistait en un rachat partiel par le Trésor du découvert. L'essentiel avait été transformé en crédit à moyen terme sur cinq années. L'UGTA rejette la responsabilité des entreprises dans la formation de la dette publique. La Centrale syndicale revendique l'intégration des programmes de partenariat dans une stratégie globale. Cette dernière doit tenir compte de l'évaluation des politiques mises en œuvre à ce jour, l'identification des causes et des moyens à mettre en œuvre. M. R. Repères - Il y a près de 1 000 entreprises publiques de tailles diverses, qui ont été condamnées à la dissolution avec la mise au chômage de 400 000 travailleurs. - L'assainissement des entreprises publiques a coûté près de 800 milliards de dinars. Ce qui représente presque la quasi-totalité de la dette publique interne (près de 1 000 milliards de dinars) et plus du quart de la totalité de la dette publique, soit près de 2 200 milliards de dinars. - Les entreprises publiques profondément déstructurées ont reporté sur le Trésor plus de 2 milliards de dollars de dette extérieure, logés à la Banque algérienne de développement. - À la fin 2002, près de 546 Epe étaient déficitaires dont plus de 300 présentaient un actif net négatif. - La masse des crédits bancaires accordés aux entreprises algériennes est passée de 906 milliards de dinars en 1998 à 1 379 milliards de dinars, soit une hausse de près de 40%. - Le chiffre d'affaires total des entreprises publiques n'a progressé que de 575 milliards de dinars en 1996 à 622 milliards de dinars en 2003, soit une hausse de 8%. - Près de 32 Epe ont déjà accédé au concours du fonds de compétitivité industrielle pour un montant global de 1,279 milliard de dinars et 44 autres ont été retenues au cours du premier semestre de l'année en cours. - Les dépenses d'équipement sont estimées à près de 2 300 milliards de dinars, soit 30 milliards de dollars entre 1999 et 2004 dont 7 milliards de dollars pour le programme de soutien à la relance économique. Ces dépenses devraient atteindre 4 000 milliards de dinars, soit 50 milliards de dollars entre 2005 et 2009. F. M.