N'en déplaise au gouvernement qui doit comprendre que ni Sidi Saïd ni le recours à l'appareil judiciaire ne peuvent garantir la paix sociale. Cette paix doit se discuter et ne se discuter qu'avec des partenaires sociaux. Qui peut stopper la spirale de ces grèves “perlées” contaminant secteur après secteur ? Hier, c'était au tour des travailleurs des ports de débrayer toute la matinée pour “dénoncer l'ouverture de l'entreprise portuaire au capital privé” (sic). Le propos, ici, n'est pas de discuter des raisons de la colère qui sont derrière cette vague de protestation, mais de s'arrêter sur un constat qui crève les yeux, à savoir que toutes ces grèves, ou presque, sont le fait de syndicats autonomes. Ces syndicats ne cessent de prouver leur capacité de mobilisation et le crédit dont ils jouissent au niveau de la base. Tout le monde convient, aujourd'hui, de cette réalité têtue. Sauf, bien sûr, le gouvernement qui préfère n'avoir d'yeux que pour “son” UGTA. Or ce syndicat, qui a sacrifié sa vocation revendicatrice sur l'autel des compromis politiques, d'ailleurs souvent étrangers aux intérêts des travailleurs, a perdu beaucoup de terrain face à des concurrents plus agressifs et surtout moins complaisants. “La bipartite gouvernement-UGTA a montré qu'elle ne peut régler les problèmes à travers des négociations centralisées. Elle n'a pas intégré les nouvelles formes de lutte, les nouveaux syndicats”, souligne à juste titre Nacer Djabi, l'un de nos rares spécialistes sur les questions syndicales. Le fait est donc là. N'en déplaise au gouvernement qui doit comprendre que ni Sidi Saïd ni le recours à l'appareil judiciaire ne peuvent garantir la paix sociale. Cette paix doit se discuter et ne se discuter qu'avec des partenaires sociaux qui ont l'écoute et la confiance de la base, mais pas avec des syndicats de pacotille. Il s'agit, en somme, pour les pouvoirs publics et les syndicats, sans exclusive, de poser les termes d'un nouveau pacte social, à travers des règles, simples, transparentes, qui favorisent une négociation saine, c'est-à-dire loin des surenchères populistes, comme celles qui consistent à revendiquer le triplement des salaires, et des rigueurs impitoyables de l'orthodoxie financière, chère à M. Benachenhou, peu sensible aux ahanements de l'Algérien lambda. En d'autres termes, réinventer le dialogue. N. S.